Lettre ouverte à Alain Beretz, président de l’Université de Strasbourg

ATTN : M. Alain Beretz, président de l’Université de Strasbourg

Monsieur,

L’Association Nationale des Candidats aux Métiers de la Science Politique (ANCMSP) effectue un suivi des recrutements dans plusieurs sections CNU depuis quinze ans, afin de rendre les procédures de recrutement plus transparentes et plus équitables pour les jeunes chercheurs.

Elle réagit aujourd’hui, par cette lettre ouverte, à l’appel de l’Association des enseignants et chercheurs en science politique (AECSP) et de de l’Association des sociologues enseignants du supérieur (ASES), « La sociologie victime de la loi LRU ? Le mauvais exemple de l’université de Strasbourg« . Cet appel a été diffusé auprès de l’ensemble de nos membres et abonnés, soit plus de 2 000 chercheurs, titulaires et non titulaires, dans toutes les disciplines des sciences sociales.

Nos collègues ont relevé l’invalidation, par les instances administratives de votre établissement, de deux classements effectués par les comités de sélection autour du poste de Maître de Conférences n°1459 et d’un poste de Professeur des Universités.

L’ANCMSP considère que cette invalidation est une injustice faite aux candidat(e)s, issu(e)s de la science politique et des sciences sociales en général, qui ont postulé sur ce premier poste, et proteste publiquement contre cette décision unilatérale et injustifiée à ce jour. Elle vous invite à réagir dès à présent en expliquant publiquement votre décision.

L’ANCMSP considère également que la marginalisation de l’équipe de recherche visée par ces deux invalidations est une très mauvaise nouvelle pour l’enseignement et la recherche en sociologie sur l’Université de Strasbourg, et pour la sociologie française en général ; la sociologie doit se doter d’associations représentatives pour que ces situations inacceptables, qui nuisent primordialement aux jeunes chercheurs, ne se reproduisent plus.

L’ANCMSP remarque, en dernier lieu, que les candidats classés et touchés par ces invalidations sont des candidats locaux. Le combat de l’association contre le recrutement local vise également à mettre fin aux micro-conflits qui se livrent autour de ces recrutements, indépendamment des qualités scientifiques des candidat(e)s. L’ANCMSP vous renvoie à ce titre à sa motion adoptée en Assemblée Générale le 23 juin 2007 ; elle évoquera également les recrutements strasbourgeois dans son Assemblée Générale ce samedi.

L’ANCMSP rejoint entièrement l’AECSP et l’ASES lorsqu’elles écrivent que « nous devons éviter que les recrutements à l’Université deviennent un jeu dans lequel tous les coups seraient permis et devrions oeuvrer afin de contrôler de façon collective le bon déroulement des recrutements dans notre discipline ».

Notre association s’emploie à effectuer ce suivi depuis de nombreuses années, en publiant toutes les informations auxquelles elle a accès sur son site Internet, auprès des 2 000 abonnés de sa liste de diffusion, et dans sa revue Système D. Des initiatives identiques ont émergé dans plusieurs disciplines des sciences sociales, dont la sociologie.

L’ANCMSP suivra attentivement le développement de cette affaire qui nuit directement au crédit scientifique de l’Université de Strasbourg, et qui doit attirer l’attention sur l’étendue excessive des pleins-pouvoirs attribuée aux instances administratives des universités par la loi LRU et leur usage partisan. Sur ces points, l’ANCMSP renvoie à l’éditorial du dernier numéro de sa revue, Système D, où elle évoque la LRU ainsi que le localisme.

Bien à vous,

L’ANCMSP