Synthèse du rapport définitif – De l’Université à l’Emploi
24 octobre 2006 – Source
Le débat national Université-Emploi
Pour répondre aux préoccupations de la jeunesse, le Président de la République a demandé au gouvernement d’organiser un débat national sur l’université et l’emploi. Le Premier ministre a confié à Patrick Hetzel, recteur de l’académie de Limoges, la présidence de la commission du débat national, commission composée de 15 membres issus des milieux professionnels et universitaires.
Le débat national Université-Emploi, qui s’est engagé à partir du 25 avril 2006, a donné lieu à plus de 120 réunions au sein de 29 académies, réparties sur l’ensemble du territoire national. Au total, près de 20.000 personnes y ont participé. 2.000 commentaires d’internautes ont été recueillis à partir des sites Internet académiques et du site Internet national. Entre le 25 avril, date de son installation, et le 15 octobre, la commission du débat national aura procédé à 51 auditions d’organisations, organismes et experts et s’est réunie plus de deux cents heures.
Le travail de la commission s’est distingué par l’originalité de son mode opératoire. Dans un souci de transparence et afin de garantir un véritable débat public, l’intégralité des auditions ainsi que les synthèses académiques ont été mis en ligne et sont disponibles sur le site de la commission : www.debat-universite-emploi.education.fr.
L’organisation d’un tel débat avait également pour objectif d’apporter des réponses concrètes et d’application rapide aux étudiants sur l’adéquation entre les formations dispensées dans les universités et le marché du travail. La remise le 29 juin 2006 d’un bilan d’étape par la commission a permis la mise en œuvre de bon nombre de mesures dans ce sens.
Le rapport final
Les propositions du bilan d’étape étaient plus particulièrement ciblées vers les étudiants. Elles s’enrichissent dans le rapport final, de nouvelles suggestions en direction convergente des entreprises, de la fonction publique et des universités (et des universitaires). Le choix des mesures proposées au sein du rapport final repose sur plusieurs critères :
– une large concertation menée conjointement à l’échelle académique et nationale
– une mise en exergue de mesures et de préconisations acceptables par l’ensemble des acteurs
– une cohérence d’ensemble de toutes les mesures proposées
– la préconisation d’une mise en œuvre progressive dans une perspective pluriannuelle
Le rapport propose six grandes orientations qui sont de nature à mieux relier l’Université à l’Emploi :
– 1. Lutter contre l’échec à l’Université,
– 2. Repenser l’information et l’orientation,
– 3. Améliorer la professionnalisation,
– 4. Rapprocher durablement l’Université du monde du travail,
– 5. Créer un partenariat universités/employeurs pour la croissance
– 6. Faire évoluer l’ensemble du système universitaire.
Les principales mesures
– 1. Lutter contre l’échec à l’Université :
– mise en place d’un dossier unique d’accès à l’enseignement supérieur et information sur les taux de réussite dans les formations choisies par les étudiants ;
– signature d’un contrat entre l’étudiant et l’Université engageant les deux parties dans un projet de formation et d’insertion et comprenant un bilan à l’issue du premier semestre ;
– mise en place d’un service des emplois, des stages et des carrières dans chaque Université.
– 2. Améliorer l’information et l’orientation :
– renforcement des actions d’orientation des lycéens ;
– nomination d’un délégué interministériel à l’orientation qui doit permettre de mettre en cohérence l’ensemble des acteurs et des actions en matière d’orientation et d’insertion professionnelle, le tout rassemblé en un schéma national d’orientation et d’insertion professionnelle ;
– création d’un observatoire des parcours des étudiants et de leur insertion professionnelle dans chaque université, en prenant modèle sur les bonnes pratiques existantes.
– 3. Mettre l’accent sur la professionnalisation :
– revalorisation de la licence (générale et professionnelle) ;
– suivi obligatoire d’un module professionnel par tous les étudiants au cours de la licence (langues vivantes étrangères, informatique, recherche d’emploi) ;
– proposition d’un parcours professionnalisé à tout étudiant qui le souhaite en encourageant des parcours en apprentissage et en alternance ;
– développement de la validation des acquis de l’expérience (V.A.E.).
– 4. Rapprocher durablement l’Université du monde du travail :
– réforme des procédures d’habilitation et d’évaluation des formations pour associer les milieux socio- professionnels à leurs contenus et à leur valorisation ;
– encouragement au recrutement des diplômés de l’Université dans les entreprises, en particulier auprès des P.M.E. pour le niveau « licence » ;
– traitement particulier des dispositifs qui permettent de combiner les études et le travail à temps partiel comprenant des éléments d’incitation (organisation, administration, fiscalité).
– 5. Mobiliser le monde du travail autour de l’Université :
– mise en place de véritables banques de données partagées sur l’orientation et l’insertion professionnelle construites conjointement par les milieux socio-économiques, les universités et les académies (prospective sur les débouchés, construction des diplômes professionnels, référentiels de compétences).
– 6. Faire évoluer le système universitaire :
– attribution annuelle des moyens au regard d’une évaluation des résultats obtenus en matière d’insertion professionnelle des étudiants ;
– possibilité d’évolution de carrière pour les enseignants qui décident de consacrer du temps à la professionnalisation des étudiants ;
– création d’un haut conseil de l’enseignement supérieur indépendant.
Les universités françaises, après avoir relevé le défi de l’essor démographique de la population étudiante, doivent aujourd’hui prendre toute leur place dans la bataille pour l’emploi des jeunes et accompagner une dynamique de croissance nationale. Les pratiques originales et efficaces ne manquent pas au sein de l’Université française. Leur identification, leur diffusion et leur application à l’ensemble du système permettront, aux universités, de relever le défi de la formation et de l’insertion professionnelle des jeunes. Les esprits sont prêts pour la conclusion d’un pacte national pour l’Université.