La sociologie victime de la loi LRU ? Le mauvais exemple de l’université de Strasbourg

Ce texte a été diffusé sur les mailing-lists de l’ANCMSP et de l’ASES le 16 juin 2010. L’ANCMSP a réagi à cet appel en rédigeant une lettre ouverte au président de l’Université de Strasbourg.


Le conseil d’administration de l’université de Strasbourg vient de refuser de valider les classements de deux comités desélection de sociologie (section 19), ce qui représente la moitié des postes au concours cette année dans la discipline en Alsace.

Les raisons de cette non-validation apparaissent pour le moins opaques et l’équipe de direction de cette université (équipe qui ne comprend aucun sociologue) semble avoir beaucoup de mal à les énoncer devant les personnes concernées.

Pourtant, une enquête simple conduit à penser que des tensions entre les deux équipes rivales de la sociologie strasbourgeoise ne sont pas étrangères à ces invalidations : en effet, seule l’une des équipes est touchée par les deux annulations, alors que l’autre voit ses deux recrutements validés. La présidence de l’université de Strasbourg a manifestement été sensible aux arguments que lui aura fourni l’une des équipes en présence.

Il convient de souligner que les nouveaux pouvoirs que la LRU confère aux présidents d’université et à leurs conseils d’administration permettent de jouer de nouveaux coups dans les « guerres de palais » de l’Université. Le profilage du poste, la désignation du président du comité de recrutement, la composition de ce comité et désormais l’invalidation des classements constituent autant de possibilités, certes pas toujours nouvelles, d’infléchir les recrutements.

L’invalidation du classement d’un comité désigné par un conseil scientifique doit selon nous rester un événement exceptionnel et ne peut en tout cas relever de l’arbitraire des présidents d’université. De quelle expertise en sociologie peut, en particulier, se prévaloir le président de l’université de Strasbourg ?

Nous devons éviter que les recrutements à l’Université deviennent un jeu dans lequel tous les coups seraient permis et devrions œuvrer afin de contrôler de façon collective le bon déroulement des recrutements dans notre discipline.

Vous pouvez demander des précisions, et manifester votre mécontentement, au président de l’université de Strasbourg, Alain Beretz (merci d’envoyer un double du mail à frederic.neyrat@gmail.com): alain.beretz@unistra.fr.

Julien Fretel, Président de l’Association des enseignants et chercheurs en science politique (AECSP)

Frédéric Neyrat, Président de l’Association des sociologues enseignants du supérieur (ASES)