Pour continuer la mobilisation, à partir des forces disponibles

Bonjour à tou.te.s,

Les syndicats de personnels se sont désengagés de la co-organisation de la Coordination nationale des universités (CNU) prévue le 19 mai. Cette décision a été annoncée le 17 mai. Elle a été présentée comme une décision du « Comité d’organisation de la CNU » qui n’a aucune existence politique reconnue et qui ne s’était pas réuni en tant que tel. Les syndicats ont refusé de transmettre aux autres co-organisateurs les informations qui auraient pu permettre de continuer à co-organiser cette CNU. Ce désengagement des syndicats a donc conduit de facto à l’annulation de cette réunion du 19 mai de la CNU (fixée à l’issue de la CNU du 5 mai).

Les motifs invoqués surprennent et méritent d’être discutés. La grève de la SNCF ? Le lundi de Pentecôte ? Ces contraintes étaient connues de longue date et les délégué.e.s ont pu s’y adapter. La faible mobilisation des titulaires ? Oui, la mobilisation des syndicats de titulaires ou l’implication des personnels pour rendre la grève effective sont jusqu’à présent en deçà du minimum requis pour obtenir autre chose que des compensations discrètes département par département. Pourtant dans le même temps, les personnels enseignants non titulaires de Nanterre, Paris 1, Paris 3 et ailleurs avaient décidé de suivre l’appel de la CNU du 5 mai, en se mettant en grève et/ou en mettant en place la rétention des notes.

Un revirement stratégique semble s’être opéré, les syndicats de personnels réservant désormais leurs forces pour les négociations en cours sur les primes des titulaires et le référentiel métier des enseignants-chercheurs. Quoique l’on pense de la pertinence de ce revirement qui exclut les personnels non-titulaires de la mobilisation et des revendications, vu les nombreux foyers de mobilisation contre la loi ORE toujours très actifs, celui-ci aurait mérité a minima d’être discuté avec l’ensemble des personnels mobilisés dans le cadre d’une CNU.

Cette décision nous paraît totalement irresponsable. Nos collègues non-titulaires ont lancé des actions courageuses de grève, d’annulation des examens et de rétention des notes (ce à quoi appelait la CNU du 5 mai), alors qu’ils et elles sont parmi les plus précaires dans l’ESR et qu’ils et elles sont les plus exposé.e.s. Compte tenu du contexte répressif, les soutenir par de belles paroles ne suffit plus ! Si vous êtes titulaires et opposé.e.s à la loi ORE, il est temps d’assumer le partage des risques.

Non seulement aucune des revendications de la CNU du 5 mai n’a été satisfaite (retrait de la loi ORE, arrêt de la répression policière dans les universités, mise en œuvre d’un plan d’urgence pour la rentrée 2018), mais la situation a empiré. ParcourSup est toujours en vigueur tandis que les informations de plus en plus nombreuses dont nous disposons sur ses modes de fonctionnement et ses adaptations de dernière minute démontrent encore davantage son caractère injuste et régressif. La répression policière s’est intensifiée, y compris à l’égard de membres du personnel d’universités, faut-il le souligner. Les président.e.s qui en sont responsables sont toujours en place. Au mépris accordé aux demandes antédiluviennes et élémentaires des vacataires (mensualisation des salaires en tête) s’ajoute désormais l’absence pure et simple de rémunération pour les jours de blocage. Ceci, en dépit de la reconnaissance par le ministère de l’ESR en 2008 que l’inexécution de leurs obligations par les vacataires « ne doit pas être considérée comme constitutive d’absence de service fait, puisqu’il s’agit en l’espèce d’un cas de force majeure et que, dans cette hypothèse, ils ont vocation à être indemnisés pour la charge d’enseignement qui ne peut être assurée » (Rép. min. n° 2760 : JO Sénat Q 17 avr. 2008, p. 2760). Le mépris affiché et l’indifférence quotidienne face aux prises de position, aux revendications et à la situation de ces personnels indispensables au fonctionnement sous-financé de l’ESR ne sont ni acceptables, ni tenables !

Nous sommes convaincu.e.s de la nécessité de continuer la mobilisation en discutant de ses formes de façon collective, ce que la décision unilatérale d’annulation de la CNU nous a empêché de faire. Cette mobilisation est audacieusement portée depuis le début par les étudiant.e.s, les personnels non-titulaires et certains personnels titulaires qui ont rendu cette grève effective, comme à Aix-Marseille ou à Lille. Elle ne peut être que renforcée par la mobilisation probable des lycéens à partir du 22 mai. Nous appelons alors solennellement les collègues en situation de défendre les personnels déjà précaires, et toujours plus précarisés, à prendre leurs responsabilités. En tant qu’association de personnels non-titulaires, nous prendrons les nôtres dans les semaines à venir.

Nous sommes en cela toujours disponibles à l’organisation d’une nouvelle CNU avec les organisations et AGs locales qui le souhaitent. Que celles et ceux qui y sont favorables se fassent connaître.

Nous proposons également aux AGs et collectifs locaux de non-titulaires de se réunir ces prochains jours dans le cadre d’une Rencontre Nationale des travailleur.e.s précaires de l’ESR afin de discuter : (1) du bilan à mi-étape et de la poursuite de la mobilisation contre la loi ORE et des formes qu’elle doit désormais prendre ; (2) de la restructuration d’un mouvement national des précaires ; (3) d’une campagne nationale de mobilisation contre la précarité à la rentrée.

Le bureau de l’ANCMSP