L’ANCMSP au Salon des Thèses 2006

Voici l’intervention prononcée lors du salon des thèses de 2006 par le président de l’ANCMSP, François Xavier DUDOUET.

« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Tout d’abord merci aux organisateurs de cette manifestation d’accueillir l’ANCMSP.

La 5ème édition de ce salon des thèses en science politique poursuit cette année sa réflexion sur les modes de financement de la thèse, sur la valorisation de la recherche, sur les débouchés de docteurs que l’on sait disposer de compétences multiples et discuter du rôle des Ecoles doctorales à la professionnalisation des docteurs en science politique.

ANR

La recherche publique française connaît depuis 3 ans de profonds bouleversements dont la création de l’Agence nationale de la recherche constitue l’un des traits les plus saillants. Si les résultats des appels d’offre ANR ont permis à quelques projets d’être retenus, la science politique reste en marge de ces financements, au demeurant « précarisateurs ». Notre discipline a accès par ce biais à des financements permettant de mener, on l’espère, à bien des recherches de qualité.

Cependant l’ANCMSP met aussi en garde contre les risques de précarisation croissante des jeunes acteurs de la recherche. Ces appels d’offre prévoient des financements de jeunes chercheurs mais aucun cadre général n’est fixé. Le sort des jeunes chercheurs (rémunération, durée du contrat, etc.) dépendra donc du responsable de projet.

L’ANCMSP appelle donc tous les heureux responsables de projet dans notre discipline pour qu’ils respectent des conditions d’emploi décentes pour les jeunes chercheurs.

Les débouchés des docteurs en Science politique :

L’ANCMSP a récemment mené une enquête sur les recrutements de MCF depuis 10 ans. Il apparaît que le nombre moyen de poste ouvert est de 12,89 chiffre qui tombe à 11,33 si on retire les mutations, détachements et annulation de procédures.

L’origine des MCF recrutés se répartis de la manière suivante :
– IEP Paris 23%
– Paris I 20%
– IdF 18%
– Province 38%
– Inconnu 5%

A comparer avec les lieux de recrutement :
– IEP Paris 0%
– Paris I 6%
– IdF 15%
– Province 77%
– DOM-TOM 2%

On pourra regretter que l’IEP de Paris qui produit 23% des docteurs recrutés ne participe pas lui-même à l’effort de recrutement.

Les débouchés académiques

On saluera la décision du gouvernement de créer 9 postes de MCF pour la campagne de recrutement 2006. Mais cette annonce ne doit pas freiner la mobilisation en faveur de la création de postes pérennes que ce soit dans la recherche et dans l’enseignement supérieur et ce d’autant plus qu’avec la réforme LMD, de petites facultés se sont vues octroyer une année supplémentaire « M2 ». L’ANCMSP continuera son travail de suivi des recrutements et sera particulièrement vigilante sur les créations de postes promis au mois de novembre dernier. Par ailleurs, l’enquête menée par l’AECSP, il y a quelques années a montré un déficit d’environ 100 enseignants chercheurs dans les universités françaises. Une nouvelle enquête est en cours, engageant les trois associations AFSP, AECSP, ANCMSP, afin de connaître précisément nos besoins disciplinaires et de les faire valoir auprès du Ministère.

Les débouchés en dehors du monde académique

Toutefois, l’augmentation même sensible de postes académiques ne sauraient à eux seuls absorber la totalité des docteurs en science politique. Actuellement seul 15% des docteurs ont trouvé un emploi statutaire dans l’enseignement supérieur ou la recherche. On peut compter environs 10% des docteurs se retrouvant en situations précaires (périodes de chômage entrecoupés de petits contrats de recherche à temps partiel imposé). On sait peu de choses sur les 75% restants. Expatriés dans des universités (étrangères) ou centres de recherches étrangers, experts auprès des gouvernants de l’administration centrale la formulation n’est pas très heureuse, est-ce qu’on ne peut pas dire tout simplement fonction publique d’Etat, territoriale voire internationale ?et/ou territoriale voire internationale, salariés de maisons d’éditions universitaires, consultants en communication et autres instituts de sondage, les devenirs des docteurs en science politique, on le voit, ont des visages multiples.
Il convient plus que jamais de ne plus concevoir la sortie du monde académique comme un échec, mais d’aider les docteurs à trouver des emplois à la hauteur de leur compétence.

Une meilleure connaissance des profils des docteurs en science politique permettra aux employeurs potentiels de recruter à leur juste valeur des hommes et des femmes qui ont acquis au fil de leur parcours toute une série de savoir-faire convertibles en autant de ressources adaptées à des carrières professionnelles stimulantes. Ici, les arguments font penser à ceux de l’ANDES pour promouvoir l’entrée à l’ENA des docteurs, un espèce d’angélisme volontariste. En fait, l’enquête sur les sortants de la science po (cf Système D) montre que ceux qui parviennent à se reconvertir sont ceux qui ont autre chose à faire valoir que leur thèse, même si dans le cadre de leur travail ils arrivent à valoriser d’une façon ou d’une autre leurs compétences spécifiques.

Pour le dire autrement et de manière plus directe : les docteurs en science politique n’accepteront pas de se brader sur un marché du travail qui affiche des prétentions productivistes et capitalistique.

Ecole doctorale

Concernant plus particulièrement le rôle des écoles doctorales, l’ANCMSP a porté sa réflexion sur le statut des doctorants et le financement de la thèse ainsi que sur l’encadrement de celle-ci. Il ressort rapidement que pour l’ANCMSP, le statut du doctorant s’inscrit dans le cadre de l’Université Pour Tous puisque sans les doctorants aux statuts précaires, cette Université ne fonctionnerait pas. Le doctorant concourt à la recherche au quotidien, à la fois par la production de connaissances nouvelles et par une bonne maîtrise des travaux existant. Il est aussi, dans bien des cas, un enseignant palliant au déficit structurel des postes de titulaires. Pour ces raisons il doit lui être reconnu : Le statut de “ chercheur ou enseignant chercheur en formation ”, la rémunération et la couverture sociale correspondant à ce statut, à l’horizon 2010, la quasi-totalité des thèses en SHS doivent être financées. En ce sens : les allocations de recherches sont des CDD de trois renouvelable une fois pour un an. Les postes d’ATER à temps plein devraient être prioritairement réservés aux docteurs en attente de poste. La thèse s’effectue sous la responsabilité du laboratoire d’accueil et non plus d’un directeur de thèse.

De la sorte, Les écoles doctorales doivent assurer le suivi de leurs diplômés et savoir où ils se trouvent à n+5. Enfin, quid de la présence de représentants syndicaux qui pourraient nous éclairer sur l’entrée dans les grilles salariales du doctorat ?

Pour toutes ces raisons, les représentants de l’ANCMSP continueront de faire entendre la voix des candidats.