L’effort de recherche dans la zone OCDE : les statistiques catastrophiques de la France

L’OCDE vient de publier ses tableaux de comparaison concernant l’effort de recherche dans les pays de la zone OCDE et du G7. Au vu des données sur la France, il n’y pas de quoi être fier : la situation est catastrophique pour les jeunes chercheurs, et pour la politique de recherche scientifique du pays en général.


Le seul pays à diminuer son effort de recherche

Les données publiées cette année indiquent que la France ne s’en sort pas si mal dans la “zone OCDE”, qui compte 30 pays incluant les grandes économies occidentales, mais également la Pologne, le Mexique, la Turquie et des pays est-européens. En revanche, ses scores sont catastrophiques au sein du G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie). En particulier, son effort de recherche, à 2.1% du PIB, et le dépôt de brevets sont au-dessus du score OCDE moyen mais en dessous du score G7 moyen.

L’OCDE remarque surtout que “la France est le seul pays de l’OCDE où le budget gouvernemental en matière de Recherche & Développement a diminué en termes réels (d’approximativement -4%) au cours de la dernière décennie. L’OCDE souligne également que les dépenses civiles ne représentent que 70% de l’effort de R&D, car la France dépense 30% de son budget de R&D dans les applications militaires, derrière les États-Unis.

Jeunes chercheurs : l’exécrable performance française

La France a beau accueillir, derrière les États-Unis et la Grande-Bretagne, la troisième plus grande population de jeunes chercheurs étrangers (28 000 personnes, soit deux fois plus que la moyenne OCDE), son système de recherche produit des résultats médiocres en matière d’emploi de diplôme chez les jeunes chercheurs. La spécificité française, qui consiste à produire plus de diplômés et de docteurs ès sciences et technologie (59% en 2006, contre 42% en moyenne dans la zone OCDE), ne se solde pas par de meilleurs résultats en la matière — c’est même l’inverse.

La France possède ainsi le deuxième plus fort taux de chômage chez les diplômés au niveau M et supérieur (5%), juste derrière la Pologne et la Turquie (5.4% ex aqueo). Enfin, au niveau du doctorat, le pourcentage d’une classe d’âge soutenant un doctorat est nettement plus faible en France qu’ailleurs : l’indice français est de 87 pour sur la base 100 OCDE, ce qui place la France loin derrière l’Allemagne (indice 175), le Royaume-Uni (indice 127) et les États-Unis (indice 101).

Ces indicateurs amènent à deux constats généraux : la France néglige sa R&D, et notamment sa R&D publique ; et elle néglige encore plus ses jeunes chercheurs. À l’heure où le Président de la République annonce fièrement son intention de refinancer l’enseignement supérieur et la recherche, il faut avoir ces données en mémoire pour mieux comprendre que ce qui ressemble à un investissement ne permettra en réalité que de rattrapper les écarts accumulés au cours de plusieurs années de négligence.