Agrégation : le rapport 2008-2009

L’agrégation du supérieur en science politique est-elle faite pour les jeunes chercheurs ?

L’ANCMSP, dans le cadre de son suivi des recrutements en science politique, a toujours observé l’évolution et les épreuves du concours de l’agrégation du supérieur en science politique. À la lumière du rapport récent de Daniel Gaxie, le président du jury 2009, une lecture prenant en compte les opportunités offertes par l’agrégation aux jeunes chercheurs est nécessaire.

Le concours d’agrégation, une année durant, mobilise toute la discipline. Les couloirs bruissent de rumeurs, chacun évalue ses chances en fonction du président du jury, et les équipes se recomposent après la nomination des nouveaux professeurs.

Pourtant, en réalité, que peut dire notre association de candidats aux métiers de la science politique sur ce qui ne peut pas être considéré comme une voie d’accès à ces métiers ?

À la lecture du dernier rapport, la place des jeunes chercheurs n’y est pas évidente : « L’agrégation de science politique tend en effet à devenir un concours de promotion des maîtres de conférences. En 2008-2009, 25 parmi les 54 candidats inscrits, 14 parmi les 15 admissibles et les 7 nouveaux agrégés exerçaient cette fonction au moment du concours. »
Force est de constater, en effet, que les heureux élus sont rarement des docteurs sans postes.

Les jeunes chercheurs ne déméritent pourtant pas, présentant des dossiers solides en termes d’expérience d’enseignement et de recherche. Il est donc logique qu’ils se risquent à passer un concours « conçu pour permettre à de jeunes docteurs des disciplines juridiques d’accéder directement au grade de professeur » même si cela correspond « à une époque lointaine où les titulaires d’autres grades étaient rares« .

A y réfléchir cependant, non, l’agrégation de science politique n’est pas faite pour les jeunes chercheurs.

Ce ne sont pas seulement les éléments matériels de coût (coût des envois de dossier, des traductions, des déplacements), les inégalités territoriales liées à la réalisation des épreuves à Paris ou le temps qu’il faut consacrer à la préparation (« sérieuse » et pas « à la hâte », pour reprendre le jugement du président du jury) des épreuves qui sont en jeu.

Il s’agit bien plus du profil des recrutés et ce qu’il indique sur la signification du concours. Les sept nouveaux agrégés et 14 des 15 admissibles étaient déjà en poste dans l’Enseignement supérieur et la recherche avant le concours. En laissant croire que les candidats aux métiers de la science politique sont intéressés par ce concours, l’ANCMSP contribuerait à nourrir un mythe qu’il convient au contraire de combattre.

Si l’agrégation de science politique est réservée à ceux qui sont déjà en poste, elle ne constitue pas une voie d’accès au métier mais une promotion – anachronique, comme le signale Daniel Gaxie lui-même – pour ceux qui sont déjà en poste (évalués sur leur recherche, les responsabilités pédagogiques, administratives et scientifiques qu’ils ont prises), l’ANCMSP, dans l’esprit d’une motion jadis votée en Assemblée générale, doit se contenter dénoncer la confusion entre promotion et recrutement entretenue par l’agrégation.

Le rapport de l’agrégation 2009 va cependant plus loin. Selon Daniel Gaxie, les principes de sélection conservent une pertinence pour d’autres procédures de recrutement :

« Les concours de recrutement des maîtres de conférences procèdent eux aussi à une évaluation des dossiers scientifiques des candidats, même si c’est souvent dans des conditions trop hâtives. Il faudrait davantage de temps et de moyens, pour une évaluation plus approfondie des travaux et des projets. Mais il ne serait pas illogique de s’assurer également de la culture disciplinaire et des qualités pédagogiques de candidats appelés à enseigner pendant plus de quarante ans« .

L’ANCMSP ne peut que concéder l’importance de ce point, qu’elle avait elle même souligné en 2007.