Contre le projet de loi ORE et le règne de la précarité, mobilisons-nous pour la défense d’une Université publique ambitieuse et néanmoins ouverte à tou.te.s !
Dix ans après la loi sur l’autonomie des universités, le projet de loi ORE marque une nouvelle étape dans le démantèlement de l’ESR français et la casse de l’Université publique.
Dans un contexte de déficit chronique, et alors que l’augmentation des effectifs d’étudiant.e.s est une donnée connue depuis longtemps, le gouvernement propose comme seule réponse à la crise universitaire l’instauration d’une sélection des étudiant.e.s à l’entrée à l’Université, faisant craindre une hausse des frais d’inscription future.
Une telle disette budgétaire n’est évidemment pas du seul fait de l’actuel gouvernement. Entre 2008 et 2018, le budget de l’enseignement supérieur est passé de 12,4 milliards à 13,4 milliards d’euros, alors que sur la même période le nombre d’étudiant.e.s a progressé de 2,2 à près de 2,7 millions, soit une hausse des effectifs de 20% pour une progression du budget de moins de 10%, indiquant une baisse significative de la dépense par étudiant.e (1). Couplé à une autonomie des établissements qui entretient un régime de concurrence généralisée, ce manque de moyens renforce jour après jour le scénario d’une Université à deux vitesses, où se côtoient, d’un côté, des universités d’élite qui concentrent les moyens dans les grandes métropoles, et de l’autre des universités périphériques transformées en « collège » à l’américaine, où la continuité de l’enseignement est permise essentiellement par la précarisation accrue des personnels et des statuts. La dernière « Enquête Précarité », pilotée notamment par l’ANCMSP, montre ainsi qu’environ 37% des cours en Science Politique à l’Université sont assurés par des enseignant.e.s non-titulaires (2).
Ne soyons pas dupes : la sélection à l’entrée à l’Université, mesure technocratique sensée répondre aux problèmes de la rentrée 2017 (alors que seul.e.s 1,1% de l’ensemble des inscrit.e.s sur APB en 2017 ont été effectivement tiré.e.s au sort (3)), est une impasse. Pseudo alternative à un autre mode de régulation des flux – la hausse du montant des frais d’inscription –, elle signe la démission gouvernementale vis-à-vis de l’ambition de démocratisation des études supérieures, tout en ne conduisant qu’au renforcement des dynamiques existantes et à la dégradation toujours plus accrue des environnements de travail de nos collègues et des étudiant.e.s.
Face au « There is no alternative » entonné par les président.e.s d’Université et les ministères de l’ESR et du Budget, il est de notre devoir de rappeler la mission de service public que remplit l’Université, ses vertus intégratrices et émancipatrices ainsi que son importance sociale. De toute évidence, les défaillances actuelles du système universitaire appellent en premier lieu et urgemment à une augmentation des moyens humains et financiers, qui soit en mesure de garantir un droit fondamental à l’éducation aux générations présentes et futures ainsi que des conditions de travail dignes pour ceux qui oeuvrent au quotidien à faire fonctionner l’Université. Bien davantage que la précarité et l’arbitraire pour tous, c’est d’un plan massif de recrutement d’enseignant.e.s chercheur.ses et de personnels administratifs dont a besoin une Université que l’on souhaite unique et indifférenciée et permettant à chacun.e de trouver la place qui lui revient de droit.
C’est pourquoi nous appelons, en tant qu’organisation nationale de la science politique, l’ensemble des personnels, enseignant.e.s, chercheur.ses et étudiant.e.s de notre discipline à militer pour que cette alternative puisse se gagner à travers le mouvement social naissant contre le projet de loi ORE En tant qu’organisation nationale de représentation et de défense des intérêts des doctorant.e.s et docteur.e.s sans poste, nous appelons également l’ensemble des précaires de l’ESR à se mobiliser pour que soient créés les postes d’enseigant.e.s chercheur.ses et de personnels administratifs qui permettraient à la fois de résorber la précarité à l’Université et le respect de l’égal accès à l’enseignement (Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 article 13).
Nous partageons enfin ces quelques liens vers des contenus informés et argumentés sur cette réforme :
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article7983
http://cgt.fercsup.net/spip.php?article3790
http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8019
http://www.snesup.fr/article/diaporama-de-presentation-de-la-reforme-de-lacces-en-licence
Le bureau de l’ANCMSP
http://piketty.blog.lemonde.fr/2017/10/12/budget-2018-la-jeunesse-sacrifiee/
Enquête « Précarité » réalisée par l’ANCMSP avec l’AFSP et le CNU 04.
http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/04/27/universite-le-gouvernement-enterine-le-tirage-au- sort_5118535_4401467.html http://www.lemonde.fr/bac-lycee/article/2017/07/14/apb-84-3-des-candidats-admis-tirage-au-sort-dans-92- licences_5160877_4401499.html