Intimidation et manipulation des candidats au CNRS ?

Suite au double déclassement d’Akim Oualhaci et Matthieu Grossetête au concours 2017 de CR au CNRS (où ils avaient été classés 1er ex-aequo en section 36, voir Le Monde du 27 juin 2017) puis au concours 2018, sans aucune justification, nous avons appris en août dernier (et cela a été publicisé sur notre liste) que la réponse du CNRS a été d’offrir un CDD de 12 mois à l’un de ces deux candidats (et un seul). Cependant, d’après nos informations, le directeur de l’InSHS, M. François-Joseph Ruggiu, aurait imposé les conditions suivantes pour ce CDD :

  • S’engager à ne pas présenter de candidature au concours CNRS 2019,
  • Soumettre son projet CNRS à l’appel à projets de l’ERC (European Research Council) dans la catégorie « Consolidator »,
  • Conditionner une éventuelle candidature au concours CNRS 2020 aux résultats de l’évaluation ERC de son projet de recherche,
  • Il ne s’agit pas d’un contrat de 12 mois comme annoncé, mais de 4 mois, renouvelable après la période des candidatures CNRS.

De plus, lors du concours 2018, le directeur de l’InSHS aurait fait pression sur la section 36 en annonçant que Matthieu Grossetête et Akim Oualhaci seraient à nouveau déclassés s’ils étaient classés en rang utile.

Si ces pratiques étaient avérées, elles constitueraient à nos yeux :

1. Une rupture grave d’égalité des candidat.e.s face à ces concours de la fonction publique, dont M. Ruggiu serait responsable. Les concours 2019 seraient d’ores-et-déjà faussés, et nous verrions difficilement comment ils pourraient se tenir dans ce contexte. Rien dans le règlement des concours de la fonction publique ne subordonne le droit de candidater à l’évaluation par une instance tierce, européenne de surcroît, comme l’ERC.

2. Une remise en cause fondamentale du rôle scientifique de la section 36, et plus largement des sections et de l’évaluation par les pairs, dans les recrutements au CNRS. Un tel acharnement de la part de la direction de l’InSHS sur l’une de ses sections nous semblerait signaler une dérive autoritaire de la part du CNRS, un transfert du pouvoir des scientifiques aux gestionnaires, par ailleurs cohérente avec les projets de la direction du CNRS et du gouvernement.

3. Un traitement indigne à l’égard des candidats qui ont pourtant réussi par deux fois le concours sur le plan scientifique, et qui vivent un calvaire sans fin du fait de ce qui serait des pressions répétées, illégales et injustifiées de la part de la direction de l’InSHS. De plus, les préjudices professionnels à leur encontre s’accumulent : ils se voient aujourd’hui refuser le soutien d’UMR craignant les représailles de la direction de l’InSHS.

C’est pourquoi nous demandons à M. Ruggiu de s’exprimer publiquement pour faire toute la lumière sur ces faits qui nous ont été rapportés, et s’ils étaient avérés :

  • Que toutes les conséquences en soient tirées pour restaurer la confiance des candidat·es dans les concours de recrutement au CNRS ;
  • Attribuer immédiatement des postes aux candidats doublement déclassés en 2017 et 2018.

Si des collègues disposent d’éléments permettant d’attester de certaines des pratiques mentionnées ci-dessus, ou des pratiques analogues dans d’autres sections du CNRS, nous les invitons à nous écrire (bureau@ancmsp.com), et nous garantirons la confidentialité de ces échanges.

Enfin, nous appelons tou.te.s les collègues à se joindre au rassemblement pour l’emploi et les recrutements au CNRS que nous co-organisons, ce jeudi 13 décembre au siège du CNRS, 3 rue Michel-Ange à Paris, à partir de 8h. Ce sera l’occasion de demander directement à la direction comment elle pourrait considérer possible un concours dont certains résultats seraient connus d’avance.

Le Bureau de l’ANCMSP