Sur les vacations de recherche

L’ANCMSP saisit les dernières heures de janvier qu’il reste pour souhaiter une bonne et heureuse année de surtravail aux doctorant·e·s concerné·e·s par deux offres de vacation – se surajoutant donc à un travail principal de plus 900 h/an :

  • la première concerne le projet en cours d’élaboration par Sciences Po d’une École Universitaire de Recherche, dans le cadre de l’appel à projets mis en ligne par l’ANR pour le Plan d’Investissement sur l’Avenir. Le volume de travail est d’« environ » 160 heures étalées entre janvier et mi-mars 2019, rémunéré 18 € bruts/heure, pour des tâches nécessitant un fort niveau de qualification (puisque l’annonce s’adresse à un·e doctorant·e), dont l’élaboration « des statistiques et de courtes études illustrant les aspects stratégiques du projet élaboré par le Doyen de l’Ecole doctorale et que Sciences Po déposera avant la mi-mars. » Au total, le salaire (160 x 18 € = 2880 € brut) correspond à peu près à deux mois de salaires au SMIC en CDD. Seulement, ce scénario impliquerait le paiement de certains droits sociaux (prime de précarité par exemple), inexistants dans le cas présent. On peut, par ailleurs, se laisser à penser qu’au vu de l’ampleur des tâches demandées, le nombre d’heures payées sera très certainement dépassé, entraînant une forme de travail sans rémunération.
  • la seconde concerne le « Recrutement d’assistant(e)s de terrain pour une étude sur la mixité sociale à l’école » par le département d’économie de Sciences Po, l’Institut des politiques publiques et l’Université Paris Dauphine, avec le soutien du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques. L’emploi s’étale du 24 avril au 7 juin 2019 (sans qu’il soit précisé la quotité horaire), rémunéré 13 € bruts/heure. On y apprend qu’outre la bonne connaissance du système éducatif, il faut idéalement maîtriser Stata, les méthodes d’évaluation en économétrie, et « [d]isposer d’une solution de logement à Toulouse ou à Bordeaux ou à Montpellier ». Il y a par ailleurs une formation prévue de deux jours, sans qu’il ne soit précisé si celle-ci est rémunérée ou non. L’annonce ne détaille pas non plus quels frais de transports sont pris en charge : est-ce uniquement les déplacements vers Montpellier et Avignon ? Ou également ceux au sein des villes ? Quid des déplacements pour se rendre à la formation et des frais occasionnés sur place ?

Doctorats sans contrat, vacations de recherche, retour des libéralités, recherches post-doctorales effectuées gratuitement ou dans des conditions salariales dégradant la valeur de la qualification, les deux exemples susmentionnés s’inscrivent dans la sombre, mais très actuelle, perspective d’une recherche qui repose aujourd’hui sur la précarisation et l’exploitation des jeunes chercheur·se·s.

Nous invitons les abonné·e·s de la liste soucieux·se·s des conditions d’emploi et de travail des non titulaires à ne pas hésiter à nous communiquer toute offre de contrat qui vous apparaîtrait problématique. De notre côté, nous continuons à agir, notamment via la CJC, pour obtenir dans le champ académique des perspectives d’emploi pour les jeunes chercheur·se·s autre que des statuts dérogatoires, ou l’absence de statut.

Le bureau de l’ANCMSP