Les années passent, les mauvaises habitudes perdurent.
Comme l’an dernier, le bureau de l’ANCMSP déplore les pratiques de l’université Clermont Auvergne (UCA) en matière de recrutements d’ATER. Notre mail d’interpellation à ce même sujet, envoyé il y a un an aux instances de cette université, étant resté lettre morte, nous portons les éléments suivants à la connaissance des abonné·es à la liste de diffusion.
Les conditions d’un poste d’ATER ouvert en science politique, mais aussi de plusieurs autres postes notamment en droit et sociologie, sont en effet très problématiques. Sur la plateforme GALAXIE, la fiche de poste (disponible ci-dessous également) indique qu’il s’agit d’un temps plein. Mais, parmi les pièces justificatives à fournir, les candidat·es doivent remplir une “attestation” d’acceptation d’un “contrat à 100% inférieur à 12 mois”. Il faut consulter le site de l’UCA pour comprendre le sens de cette “attestation” : le tableau des offres d’ATER pour la campagne 2021 indique en effet que le contrat d’ATER est un temps plein, mais sur une durée de six mois à partir du 1er janvier 2022.
De manière générale, les caractéristiques des offres publiées gagneraient à être plus explicites. Ainsi, plutôt que de demander aux candidat.es de signer une “attestation” par laquelle ils.elles acceptent de réduire la durée de leur potentiel futur CDD, il serait préférable d’indiquer d’emblée sur la fiche de poste que l’offre correspond à une durée de six mois. Il s’agit d’une “bonne pratique” facile à mettre en œuvre.
Le plus problématique est cependant que le poste d’ATER soit un temps plein sur six mois, soit 96 HETD. L’usage courant veut en effet que les universités proposent soit un ATER temps plein (192 HETD), soit un ATER à mi-temps (96 HETD), dans les deux cas sur une année (12 mois). Un ATER temps plein sur six mois revient ainsi à diviser par deux la rémunération (soit une perte d’environ 10 000 euros net pour l’employé·e et une économie substantielle pour son employeur), mais aussi la durée d’indemnisation en cas de chômage postérieur. Un tel volume d’enseignement sur six mois étant difficilement compatible avec une activité de recherche, il semble donc qu’il revienne à Pôle Emploi de subvenir aux besoins des ATER ainsi employés pour les six autres mois de l’année. Ceci est d’autant plus préoccupant dans le contexte de la réforme de l’assurance-chômage (voir notre guide “doctorat et chômage”).
Ces modalités de recrutement ainsi que ce type de contrats affaiblissent notre discipline et contribuent surtout à renforcer la précarité des enseignant·es-chercheur·se·s non-titulaires. Elles leur offrent des conditions de travail médiocres, tout en réduisant leurs droits sociaux et en affaiblissant leurs chances de recrutement futur.
Nous appelons donc l’Université de Clermont-Ferrand à proposer des ATER à temps plein (192 HETD) ou demi-temps (96 HETD) sur une année entière et à faire preuve d’une plus grande transparence dans ses recrutements.
Bon courage aux candidat.e.s, n’hésitez pas à nous faire remonter tout problème relatif à la campagne d’ATER (bureau@ancmsp.com) !