L’ANCMSP a voté, en Assemblée Générale, la motion suivante demandant la suppression de l’agrégation externe de science politique. Une position de Pierre Favre est également consultable dans sa revue Système D n°24.
L’ANCMSP constate que l’agrégation de science politique concerne doublement les candidats aux métiers de la science politique :
1 – pendant leur doctorat, l’agrégation permettant de diriger des thèses sans passer d’HDR.
2 – en tant que candidats, au côté d’enseignants-chercheurs déjà titulaires.
Sur le premier point, l’ANCMSP constate que :
a/ rien ou presque dans le concours d’agrégation ne permet de juger de la capacité du candidat à encadrer des doctorants, aussi bien sur le plan scientifique que sur le plan institutionnel (recherche de financements notamment).
b/ l’agrégation retarde les carrières de MCF reconnus pour leurs qualités d’enseignants et de chercheurs, découragés de passer l’HDR par le peu d’espoir de passer professeur grâce à ces qualités et même, une fois habilités, privés du poids institutionnel nécessaire pour valoriser leurs éventuels doctorants et docteurs.
Sur le second point :
a/ que l’agrégation externe, en ne valorisant pas suffisamment les qualités de chercheur, tend à déprécier l’expérience professionnelle spécifique aux jeunes docteurs au profit de compétences scolaires ;
b/ que l’appréciation qui est faite des qualités d’enseignant lors du concours est artificielle et ne rend pas justice à l’expérience d’enseignement acquise, dans des conditions précaires et souvent difficiles, par les jeunes chercheurs (monitorat, ATER, vacations…)
En conséquence, l’ANCMSP, à la suite de nombreuses prises de position individuelles d’enseignants-chercheurs titulaires (sur la liste de diffusion de l’ANCMSP ou aux assises de la science politique), promeut la suppression de l’agrégation de science politique et l’alignement des recrutements des professeurs sur la quasi-totalité des autres disciplines en France. Elle demande aux autres associations représentatives de la discipline (AFSP et AECSP) de se saisir publiquement de cette question. Elle propose de considérer les convergences avec les économistes et les gestionnaires sur cette question, ainsi que les effets possibles sur les relations avec les juristes.
Cette prise de position n’implique nullement la défense des recrutements de MCF tels qu’ils se déroulent actuellement. L’agrégation de science politique présente à l’égard de ceux-ci quelques avantages, qui, s’ils ne contrebalancent pas les constats qui précèdent, doivent être retenus : caractère national, durée relativement longue des leçons, prise en considération des qualités d’enseignement dans la sélection des candidats et non uniquement des travaux de recherche. Sur ces points, voir notre motion sur les recrutements de MCF.