L’ANCMSP a assisté au colloque organisé par l’association EFiGiES (Etudes Féministes Genre et Sexualité) et l’ANEF (Association Nationale des Etudes Féministes) le 24 novembre 2007 sur « La formation doctorale à l’épreuve des rapports de pouvoir : contextes institutionnels, genre et générations ». Cette journée a été l’occasion pour l’Ancmsp de participer à une réflexion collective sur l’encadrement doctoral, sur le statut des doctorant-e-s et sur les actions des associations de jeunes chercheur-e-s. En effet, comme pour l’ANCMSP, l’action d’EFiGiES repose sur une liste de diffusion et un site internet. EFiGiES participait là pour la première fois à l’organisation d’un colloque.
Celui-ci a permis d’analyser comment le fonctionnement de l’Université pouvait être générateur de rapports de pouvoirs et d’inégalités entre les différentes catégories de personnel, comment ce fonctionnement pouvait également reproduire des inégalités sociales existant hors de l’Université. Parmi les nombreux sujets abordés, nous retiendrons ici le cas de l’INED, d’une section du CNU et de l’EHESS. Les débats ont permis de comprendre comment un collectif de doctorant-e-s de l’INED est parvenu à faire reconnaître un véritable statut pour les doctorants hébergés par l’institution, unifiant les situations et permettant de clarifier ce qui est devenu un vrai « droit au séjour » à l’INED. Cette reconnaissance du statut de doctorant est passée par le développement d’un suivi accru des travaux des doctorants mais aussi de leurs encadrants. En même temps, la gestion des relations entre doctorants et encadrants a été institutionnalisée, ce qui est passé par la mise en place d’une Direction des Etudes Doctorales de l’INED, à laquelle s’adresse maintenant un représentant des doctorants. La discussion des résultats d’une enquête quantitative et qualitative menée auprès d’une section du CNU a permis de montrer à quel point la conformation des candidats à un profil masculin de l’homme, chef d’équipe, apte à emporter l’adhésion, joue dans la promotion des DR. L’évocation d’une autre enquête, menée sur les mécanismes de recrutement à l’EHESS a permis quant à elle de rendre compte de la constitution d’un groupe « Femmes » à l’EHESS en 1999, l’année ou une seule femme avait été élue pour être recrutée, contre 17 hommes. La détention d’une thèse n’est pas nécessaire pour pouvoir être recruté à l’EHESS ; les décisions sont prises par l’Assemblée des chercheurs. L’enquête montre que la détention d’un large réseau d’interconnaissance joue un rôle majeur dans ce mécanisme et celui-ci peut amener les femmes à renoncer plus vite que les hommes.
Cette journée a également permis à l’ANCMSP de mettre en perspective ses pratiques militantes avec celles d’autres groupes de jeunes chercheur-e-s, comme EFiGiES, dont l’objectif est de créer de la solidarité entre étudiant-e-s, doctorant-e-s et chercheur-e-s précaires en Etudes Féministes, en mettant en commun informations et expériences. Outre la journée d’étude, EFiGiES développe des ateliers spécifiques de doctorant-e-s, comme notamment l’atelier « Professionnalisation », l’atelier « Groupe de recherche sur les Féminismes» ou l’atelier « Genre et Religion ». Créée en 2003, EFiGiES est, tout comme l’Ancmsp, le résultat de la rencontre de doctorant-e-s visant à la fois à mieux insérer les étudiant-e-s, doctorant-e-s et jeunes docteur-e-s dans le monde de la recherche et à participer au travail d’institutionnalisation d’un champ de recherches. Les actions et l’organisation d’EFiGiES sont centrées autour de l’expérience de la thèse : l’association vise à développer des informations sur les moyens d’accéder à des financements de recherches en études genre, elle cherche à partager les expériences de publication et les savoirs sur les questions de genre ; les prises de parole dans la liste sont plus spontanées que dans celle de l’ANCMSP. En même temps, cette association s’inscrit dans la continuité des actions menées depuis une vingtaine d’années, en revendiquant une meilleure reconnaissance des enseignements et des recherches en études féministes à l’Université.