Avec la démission de la directrice du département des Sciences Humaines et Sociales (SHS) orchestrée par la direction du CNRS, quinze jours avant la remise du projet d’Institut SHS (prévue le 15 septembre) et celle de l’ensemble de l’équipe de direction, à l’exception de la personne qui assure l’intérim, un pas de plus vient d’être franchi dans la déstructuration et la destruction annoncées des SHS au sein du CNRS par le gouvernement.
En effet, malgré les diverses péripéties ayant ponctué la transformation des départements au sein du CNRS – et qui ont laissé planer de nombreux doutes quant à l’issue finale – la ligne paraît désormais bien tracée.
En plus des incertitudes quant aux poids, financements, personnels et autonomie scientifique du futur Institut des Sciences de l’Homme et de la Société, l’ANCMSP s’inquiète également des conditions dans lesquelles les jeunes chercheurs seront en mesure de travailler, de s’insérer dans les structures de recherche et d’envisager des débouchés académiques. Dans ce contexte délétère, les jeunes chercheurs en science politique sont touchés de plein fouet par la réduction des débouchés académiques au sein des universités, politique de non recrutement imposée par le gouvernement durant les prochaines années. Il ne fait pas bon être doctorant ou docteur en sciences humaines et sociales, dans cette période de destruction organisée des pôles SHS du CNRS au sein des universités.
L’ANCMSP craint également que ces nouvelles péripéties ne se concluent au détriment des universités et des équipes d’accueil de province. Ces dernières ne peuvent s’appuyer sur des établissements et des moyens assez conséquents mais constituent des viviers importants de la recherche publique française en sciences sociales. Nous ne saurions assez le répéter.
Néanmoins, l’ANCMSP déplore aussi que la situation qui pousse aujourd’hui la direction du département des SHS à la démission (quasi) collective ne constitue que l’énième reflet d’un long processus d’attaques contre la recherche publique et notamment les disciplines SHS. Manifestement, ces multiples attaques du gouvernement n’ont pas réussi à souder l’ensemble des acteurs concernés, exception faite de quelques moments-clés (comme le mouvement SLR de 2004 suivie de la démission administrative de dizaines de directeurs de laboratoires). Nous ne pouvons que regretter les moindres mobilisations des enseignants chercheurs titulaires, notamment en science politique contre cet état de fait, devant lequel le gouvernement nous place en dévoilant son jeu petit à petit.
A cette apathie des derniers mois (combien de réunions CNRS régionales où les présents se comptaient sur les doigts de deux mains ?) s’ajoute un autre élément de mauvaise augure : la situation fragile ou fragilisée de nombreux Jeunes Chercheurs qui ne peuvent à eux seuls porter un mouvement de protestation contre l’abattage de la recherche publique en général et de contestation des procédés utilisés à l’encontre des SHS en particulier. Les premiers touchés sont avant tout les jeunes chercheurs, qui souhaitent continuer leurs activités de recherche au sein des universités de province, dans de petites équipes d’accueil aux moyens modestes. On ne saurait oublier la récente dissolution d’ASPASIE, association de docteurs et de doctorants en science politique, ayant contribué de manière significative au dynamisme des activités de recherche à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, durant de nombreuses années. Quid de leur situation actuelle ?
Question du bureau de l’ANCMSP : est ce ainsi que le gouvernement compte rendre les carrières des jeunes chercheurs et des enseignants chercheurs plus attractives dans les métiers de la recherche ?
Une mobilisation significative de l’ensemble des disciplines SHS ne semblant pas être au rendez vous, cette politique gouvernementale a de beaux jours devant elle.
Le bureau de l’ANCMSP.