Lundi 16 septembre se clôturait le dépôt de candidature pour un poste contractuel à l’Université d’Avignon. L’offre présente plusieurs caractéristiques qui méritent que l’on s’y attarde, tant elles sont symptomatiques des dérives structurelles contenues dans les dernières réformes de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.
Jugeons plutôt :
- 1. Le poste a fait l’objet de la publicité la plus minimale qui soit (dans un recoin du site de l’université). La honte a visiblement eu raison de la transparence.
- 2. Outre le fait qu’il s’agisse d’un contrat de 11 mois, la rémunération et le volume horaire proposés ont de quoi faire pâlir : 1898 euros brut pour un total de 480 heures d’enseignement ! S’il était besoin d’expliciter, notre heureux-se précaire exercera donc ses fonctions pour un taux horaire de 43,33 euros – soit un taux supérieur de 2,38 euros à celui d’une vacation (40,91 euros). Dans ce contexte, les activités de recherche seraient vraisemblablement dévolues aux résidus de vie nocturne que la personne concernée se sera souciée de ménager.
- 3. On pourra peut-être se rassurer en imaginant que ce sera là l’occasion d’accroitre en un temps record ses compétences de sociologue généraliste, d’historien-ne des faits économiques et sociaux, de politiste familier-e des méthodes quantitatives autant que de l’action publique territoriale et européenne – pour un total raisonnable de 7 TD et 3 CM.
En somme, ce contrat concentre la plupart des dimensions de la précarité. Qui sont les responsables de cette précarisation croissante qui caractérise l’enseignement supérieur et la recherche ?
- L’État qui a abandonné sa mission de redistribution et de maintien des équilibres entre les différentes universités, seul à même de permettre aux étudiants un égal accès à des enseignements de qualité ?
- Les universités, qui prises dans le grand élan de la compétitivité et de l’excellence européenne investissent dans l’évaluation, la professionnalisation et la communication à défaut d’assurer leurs missions principales d’enseignement et de recherche ?
- Les titulaires, qui ferment les yeux sur les conditions de travail d’un nombre toujours plus important de personnels de l’Université au lieu de se mobiliser?
Au-delà du cas d’Avignon et en cette rentrée 2013, n’oublions pas que la responsabilité est collective et suppose de ne pas regarder passer les wagons de l’autonomie et de la baisse des crédits.
Le bureau de l’ANCMSP