Suite à la réponse de l’équipe enseignante d’Avignon et à la publication d’une « offre d’emploi » de la part de l’UPEC, l’ANCMSP tient à préciser les points suivants :
- Le contrat proposé à Avignon est en effet de 11 mois, et non de 10 mois comme nous l’avions indiqué dans le précédent communiqué. Cette durée porte la rémunération horaire juste au-dessus de celle d’un vacataire. Devons-nous nous réjouir de ce niveau de rémunération indécent ? La réponse est non.
- La « légalité » du contrat n’est pas mise en question par l’ANCMSP. Sa légitimité, oui. Au-delà du contexte local qui l’a produit, ce contrat participe de la précarisation tendancielle d’un nombre croissant de candidats aux métiers de la science politique.
- S’il est exceptionnel au regard des conditions mises en lumière par l’équipe pédagogique de l’UAPV, ce contrat n’a malheureusement rien d’exceptionnel d’un point de vue national (voir plus bas). Ce que nous dénonçons, et sur lequel nous rejoignons l’équipe de l’UAPV, c’est la création de situations d’urgence permanente par la loi d’autonomie des universités. En ce sens, le « modèle » de contrat des intervenants en langues ne peut être considéré comme tel dans la mesure où, en langues, il existe aussi des « vacataires professionnels », c’est-à-dire à plein temps. Comment un tel « modèle » contractuel pourrait-il par exemple permettre de mettre en place un « accompagnement individualisé » des étudiants ?
- Contrairement à ce qui est suggéré, les personnels en poste à l’UAPV ne sont pas mis en question personnellement : ce sont les effets de l’autonomie des universités en termes de précarisation des personnels enseignants-chercheurs (1), de transparence des recrutements (2), en même temps que l’acceptation de ce nouvel ordre « faute de mieux » de la part de notre communauté académique (3) (voir le communiqué de l’équipe pédagogique de l’UAPV) qui sont critiqués.
- Nous préférons donc retenir du communiqué de l’équipe pédagogique de l’UAPV qu’il s’agit de notre rôle, en tant qu’association de défense des candidats aux métiers de la science politique, et celui de la communauté toute entière – des personnels en poste particulièrement – de « dénoncer la précarité » des postes offerts, de repérer les « foyers de précarité qui naissent un peu partout dans l’université », et de souligner « les effets néfastes de la LRU ». Nous resterons donc attentifs aux efforts de l’équipe de l’UAPV en faveur de la création de postes pérennes et décemment rémunérés ainsi que d’une plus grande transparence des recrutements (Au passage, l’ANCMSP regrette que les précisions sur le contexte difficile auquel le personnel en poste à l’UAPV doit faire face ne se sont données à lire qu’après la publication du communiqué).
Visiblement, le cas d’Avignon, comme d’autres, est en passe de devenir acceptable, si l’on en juge à partir de l’offre envoyée dans la foulée par l’Université Paris-Est Créteil :
- C’est maintenant un « maitre de conférence à mi-temps » (sic) qui est recherché, moyennant un salaire brut de 1305,74 euros. Peut-être la référence à ce mystérieux « MCF à mi-temps » a-t-elle vocation à compenser symboliquement le fait que la rémunération afférente est inférieure à celle du… SMIC (1 430,22 € brut).
- Non seulement le « contrat est composé d’une partie enseignement plafonné à 96 heures », soit l’équivalent d’un service de demi-ATER, qui est lui rémunéré à hauteur de 1440,02 euros en 2012.
- … mais il est par ailleurs demandé au « demi-MCF non-statutaire » d’assurer rien de moins que (entre autres) » la co-direction d’une licence professionnelle » et » la coordination des projets tutorés en Master 1 « , tâches que les responsables se gardent bien de quantifier alors qu’elles sont particulièrement chronophages.
- En somme – petite victoire supplémentaire de la vulgate néolibérale – on attend de notre sous-MCF une » implication » dans des tâches dûment précisées, sans que l’on connaisse pour autant le niveau réel de l’engagement attendu. Dans le petit monde merveilleux de la néo-managérialisation, la quantification horaire du temps de travail paraît presque saugrenue.
Il était visiblement besoin de le dire à nouveau : la liste ANCMSP n’a pas vocation à devenir la courroie de transmission d’une précarité désormais normalisée.