Communiqué commun AECSP-ANCMSP-ASES sur le recrutement au poste de MCF «sociologie financière et fiscale» de l’IEP de Lille

Le 19 février 2018. Les conditions de ce recrutement suscitent des réserves au sein de nos associations -l’AECSP, l’ANCMSP et l’ASES- et nous donnent l’occasion d’appeler à une réflexion sans complaisance ni faux-semblant sur les modalités des recrutements au poste de MCF.



Nous faisons suite au mail annonçant les résultats de l’audition pour le poste de MCF fléché « sociologie financière et fiscale » de l’IEP de Lille.

Pour rappel, le classement de l’audition du mardi 6 février (sous réserve de validation par le CA de l’IEP) est le suivant :

1. Philippe LIGER-BELAIR
2. Camille HERLIN
3. Anthony AMICELLE
4. Fabien FOUREAULT

Le comité de sélection était composé de :

Membres internes :
● Anne Bazin, MCF, section 04, Sciences Po Lille
● Sébastien Jakubowski, PU, section 19, ESPE, président du comité
● Patrick Mardellat, PU, section 05, Sciences Po Lille
● Pierre Mathiot,PU, section 04, Sciences Po Lille
● Mathilde Szuba, MCF, section 04, Sciences Po Lille

Membres externes :
● Anne-France Delannay, MCF, section 06, Sciences Po Strasbourg
● Renaud Fillieule, PU, section 19, Université de Lille
● Magali Robelet, MCF, section 19, Université Lyon 2
● Audrey Rosa, MCF, section 02, Université de Lille
● Alexis Spire, DR, section 19, EHESS

Les conditions de ce recrutement suscitent des réserves au sein de nos associations -l’AECSP, l’ANCMSP et l’ASES– et nous donnent l’occasion d’appeler à une réflexion sans complaisance ni faux-semblant sur les modalités des recrutements au poste de MCF. Nous avions déjà publiquement signalé le caractère troublant de la fiche de poste n°4033 fléché « sociologie financière et fiscale ». Nombre d’universitaires se questionnent actuellement sur les raisons pour lesquelles celle-ci ne mettait en avant que des compétences professionnelles attachées à la finance et au commerce et, à l’inverse, ne mentionnait aucune compétence académique précise en sociologie (ni enseignement précis, ni axe de recherche). Cela est très atypique et interroge sur l’usage qui est fait du rattachement disciplinaire de ce poste.

Nous souhaitons également partager nos interrogations quant à la composition du comité de sélection. Pour rappel, le Conseil d’État, dans sa décision du 15 décembre 2010, précise que ses membres « […] sont choisis en raison de leurs compétences, en majorité parmi les spécialistes de la discipline en cause […] ». En l’espèce, nous déplorons que les dix membres du comité de sélection de l’IEP de Lille n’aient compté parmi eux que 4 MCF ou DR en sociologie (19) alors même que d’autres sociologues à l’IEP de Lille n’ont pas été conviés à participer au jury. Parmi ce (petit) nombre de sociologues à siéger, seul l’un d’entre eux a publié sur des sujets liés à la fiscalité. Ce qui pose une double question : celle de la conformité de ce comité aux règles juridiques et déontologiques et plus largement, celle des
postes hyper-fléchés.

Ajoutons au sujet de la composition du comité que deux des membres dits externes étaient lillois, alors que l’équilibre des membres internes et externes vise précisément à atténuer le poids de l’interconnaissance et de l’interdépendance dans les décisions prises par les comités.

Si chaque établissement reste maître de ses logiques de sélection, celles-ci ne devraient pas se faire au détriment des candidat.e.s. Si l’IEP de Lille avait besoin d’un spécialiste de la fiscalité, l’établissement avait alors tout loisir de recruter sur un contrat de type PRAG. Si l’objectif était de recruter un MCF en sociologie, les exigences scientifiques auraient dû apparaître explicitement sur la fiche de poste et dans la composition du comité responsable du recrutement d’un enseignant-chercheur. Cela aurait permis, dans chaque cas, de recueillir les candidatures les plus adaptées et d’éviter de pénaliser indûment celles qui correspondaient à un autre type d’emploi.

Dans tous les cas, ce recrutement invite à réfléchir collectivement à des procédures de recrutement plus transparentes et plus respectueuses des candidat.e.s. À cet égard, la mise en place généralisée du remboursement des frais de transport et d’hébergement des candidat.e.s auditionné.e.s constituerait une première étape minimale.

L’AECSP, l’ANCMSP et l’ASES.