Les projets d’arrêté et de décret portant les frais d’inscription pour les étudiant extra-communautaires à 2770 € annuels en Licence et 3770 € annuels en Master ont été dévoilés en vue du prochain CNESER qui se tiendra demain. Une nouvelle étape est franchie dans l’instauration de la sélection par l’argent et la privatisation du service public universitaire.
Nous le savons, l’état actuel de l’ESR a largement dépassé le stade du supportable pour les plus précaires, qu’elles et ils soient étudiant·e·s, jeunes chercheur·se·s ou personnels administratifs précaires. Désormais, la hausse des frais d’inscription est un point de non retour pour le service public universitaire. Tout le monde ou presque se dit d’accord avec cette analyse, mais les mobilisations sont faibles jusqu’à maintenant. C’est le moment ou jamais de se mobiliser. La déresponsabilisation ne peut plus être de mise lorsque l’institution pour laquelle nous travaillons, parfois avec un statut très protecteur, de plus en plus souvent sans statut et (quasi) gratuitement, est attaquée de toute part.
Les expériences des dix dernières années ont montré l’importance d’articuler revendications des étudiant·e·s et des jeunes chercheur·se·s, sans perdre de vue les spécificités propres à chacun·e : les premier·e·s, en tant qu’usager·e·s, sont celles et ceux auprès de qui le métier d’enseignant est destiné et subissent au premier chef la dégradation du service public universitaire ; les second·e·s permettent de maintenir en vie une institution qui ne cesse de les mépriser, en en faisant une main d’oeuvre bon marché et corvéable à merci.
Nous voulons pouvoir enseigner auprès d’étudiant·e·s présent·e·s qui ne soient pas sélectionné·e·s parce qu’elles et ils viendraient de la bonne famille, du bon milieu social, ou ont le portefeuille suffisamment rempli. Et dans le cas des jeunes chercheur·se·s, travailler avec un statut et un poste.
Face à l’obstination du gouvernement, il n’y a pas des milliers de solutions possibles : il est urgent d’enrayer la marche administrative routinière de l’Université. Tout un panel d’instruments le permettent : la non délivrance des diplômes, la rétention des notes, la grève des examens, le refus de trier les dossiers d’entrée en licence ou en master. En somme, la grève, effective, de la part administrative de notre travail. Les cheminot·e·s ne peuvent gagner qu’en bloquant les flux de passagers, les routier·e·s en bloquant les flux de circulation et de carburant ; nous, nous pouvons et devons bloquer les flux de diplômes.
Si de tels moyens d’action venaient à être mis en oeuvre, au sein de plusieurs établissements, avec un minimum de coordination, il ne fait pour nous aucun doute que les démolisseurs de l’université publique feraient marche arrière et ravaleraient leur fierté pour les dix ans à venir.
Retrouvons-nous demain lundi 11 mars à 12h devant le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (1, rue Descartes, Paris 5e), et mardi 12 mars à 14h Place de la Sorbonne contre la hausse des frais d’inscription !