Il y a quelques mois, le bureau de l’ANCMSP a diffusé un mail appelant à la constitution d’un Groupe de Travail Écologie, pour repenser collectivement la position politique de l’association et les moyens d’action à notre disposition concernant les enjeux écologiques.
Depuis plusieurs années, à toutes les échelles des activités de l’ESR, des mobilisations mettent l’environnement à l’agenda, tout en prenant en compte les conditions sociales et matérielles du travail scientifique ainsi que les moyens de garantir notre autonomie. Nous reconnaissons le travail effectué et notre action avec le GT Ecologie de l’ANCMSP se situe à l’intersection des pratiques de recherche et des enjeux de justice sociale dans le monde académique. De ce fait, nous proposons d’apporter notre contribution à cette lutte, parce que :
- C’est l’ensemble de nos manières d’enseigner, de faire de la recherche et de l’administrer qui sont concernées : des trajets internationaux en avion pour quelques minutes de communication dans un congrès, aux politiques de financement de la recherche ; de la distribution de goodies en colloques, à la construction ou rénovation de bâtiments à l’université ou au stockage de nos données ; de l’enseignement de problématiques écologiques aux Nords comme aux Suds, à leur application dans nos activités quotidiennes. C’est pourquoi le GT Ecologie a pour ambition d’intervenir sur l’organisation de la vie de l’enseignement supérieur et de la recherche (liste de diffusion, organisation de conférences, congrès et colloques, politique de l’ESR, etc.), pour rappeler l’importance de repenser nos pratiques.
- Les conséquences des catastrophes écologiques et de l’écologisation de la recherche sur nos métiers – et nos responsabilités – ne sont pas les mêmes selon nos positions dans l’espace social. Cela dépend à la fois de nos pratiques de recherche (sujets, terrains d’enquête et outils d’investigations), de nos trajectoires professionnelles et de l’ensemble de nos caractéristiques sociales dans les rapports de domination (nationalité, genre, classe, précarité, race, handicap, statut, etc.). Il nous faut donc sortir le rapport à l’environnement d’un cadrage individualisant pour l’encastrer dans les institutions qui façonnent notre travail. Ainsi, nous sommes convaincu·e·s que la problématisation des dilemmes ou des contradictions auxquels nous faisons face contribue à politiser la situation au lieu de la subir individuellement. Parler d’écologie dans l’ESR, c’est parler de justice et d’inégalités. C’est aussi parler de l’université ou du laboratoire comme lieu de coexistence en souffrances, des financements par projet épuisants, d’une forme d’internationalisation de la recherche insoutenable et du capitalisme éditorial scientifique prédateur.
Il nous paraît enfin important de rappeler le contexte de notre engagement, qui est tout d’abord la gravité de la situation environnementale au regard du réchauffement climatique, de l’effondrement de la biodiversité et de l’extraction continue et croissante des ressources. Si la dégradation de l’habitabilité terrestre menace tout le vivant, elle détruit en premier lieu la vie des plus vulnérables, des Nords et des Suds, au bénéfice des plus puissant·e·s. De plus, nous combattons la banalisation, la diffusion et la mise en œuvre des idées de l’extrême-droite. Enfin, nous dénonçons le durcissement de l’arsenal répressif ciblant notamment les mobilisations écologistes, sociales ou autres, et la surveillance, l’intimidation et la criminalisation des chercheur·euse·s qui prennent ces mouvements comme objet de recherche.
Si vous souhaitez nous rejoindre et participer aux travaux du GT Écologie, n’hésitez pas à nous écrire.
Le bureau de l’ANCMSP sur proposition de son GT écologie