L’ANCMSP entend protester contre la généralisation du travail universitaire gratuit dont plusieurs témoignages nous ont fait part.
L’Université française fonctionne, en grande partie, par l’exploitation de personnel précaire. Une pratique semble se répandre, consistant en la création d’heures de cours ou d’encadrement sans rémunération, qu’il s’agisse de moniteurs, de demi-ATER ou d’ATER en surservice (et donc non rémunérés), ou encore de docteurs sans poste sollicités pour effectuer des cours « pour la gloire »et pour se soumettre aux conditions toujours plus exigeantes des recrutements en tant qu’enseignant-chercheur. Pour les titulaires, les tâches d’encadrement se multiplient dans la lignée des objectifs de professionnalisation (rapport de stage, projet d’étudiants …) et des évaluations par diverses instances qui imposent du travail administratif supplémentaire en quantité sans cesse croissante.
Les arrangements promis fonctionnent rarement pour des personnels précaires qui ne peuvent refuser ni protester contre ces pratiques.
S’il est évident que l’Université manque de moyens de manière criante et qu’une grande partie de ses personnels acceptent un certain degré de travail non rémunéré, l’exploitation devient proprement scandaleuse lorsqu’elle repose sur un chantage au poste ou au renouvellement de contrat – ce chantage n’a même pas besoin d’être formulé explicitement pour produire ses effets.
L’ANCMSP condamne vivement ces pratiques et dénonce donc les universités et les formations qui y ont recours. Elle demande à tous les enseignants-chercheurs de science politique de s’opposer à ces pratiques et de ne pas accepter de participer aux formations qui les utilisent. Enfin, l’ANCMSP invite chacun à prévenir le bureau de ces pratiques, qui doivent être dénoncées dans l’ensemble de la discipline.