Bilan (provisoire) des recrutements 2018

L’ANCMSP propose un bilan provisoire des recrutements MCF 2017-2018. Celui-ci a été présenté lors de son assemblée générale le 4 juillet 2018. Pour la section 04, la campagne s’est globalement passée dans la transparence, même si à l’heure où nous écrivons trois établissements n’ont pas communiqué le classement des candidat-es auditionné-es (INS HEA, CNAM, IEP Aix) ; une audition ayant par ailleurs été reportée, sans plus de précisions à ce jour (Toulouse 2 – IUT de Figeac). La synthèse provisoire de cette campagne MCF se donne pour objectif d’alerter la communauté des sociologues et politistes quant aux difficultés qui persistent. Signalons ainsi immédiatement les graves problèmes de transparence qui ont entouré les recrutements à l’IEP de Lille (poste en section 19) et l’ENS Paris. L’ANCMSP produira un bilan plus étayé à la rentrée pour ce qui concerne la section 04.

Cette année, vingt postes ont été mis au concours dans le cadre de la session synchronisée (chiffre qui exclut le poste ouvert à Toulouse et dont l’audition a été reportée), contre quinze en 2016-2017 et vingt en 2015-2016 ; tandis que deux postes ont été mis au concours « au fil de l’eau » (ENS, d’abord en session synchronisé puis disparu de celle-ci et réapparu au fil de l’eau, et l’Université d’Aix-Marseille) contre deux l’année précédente et huit en 2015-2016. Par ailleurs, trois postes ont été pourvus par mutation (Lyon 2, Paris 3 et Rennes 1). Au total, ce sont donc 21 postes qui ont été/ vont être pourvus, par voie d’auditions cette année (contre 15 en 2016-2017 et 28 en 2015-2016). Bien qu’un léger sursaut soit observable par rapport à l’année dernière, historiquement basse, le nombre de postes ouverts cette année s’inscrit dans une tendance de long terme de diminution du nombre de postes ouverts au concours, qui constitue une des causes principales de la dégradation des conditions de travail et de la précarisation accrue des personnels de l’ESR (sous-encadrement, multiplication des vacations, « contrats pourris » de type CDD rémunérés au SMIC pour un service de PRAG, et multiplication des heures complémentaires chez les enseignant-es titulaires) qui doit alerter l’ensemble de notre discipline.

En dépit de ces difficultés, l’association tient à souligner qu’une partie des comités de sélection participe à l’amélioration des conditions d’auditions et communique les informations (dates, fléchage du poste, publicisation de la composition du comité de sélection, de la liste des candidat-es auditionné-es et du classement final) dès qu’elles sont en leur possession. Pour d’autres cas, encore nombreux, ces informations sont obtenues après des relances, parfois insistantes, de la part de l’association.

Mutations et rapprochement de conjoint

Trois postes ouverts au concours en section 04 ont été pourvus par voie de mutation. Un des postes concernés s’est inscrit dans la procédure de voie de mutation prioritaire pour rapprochement de conjoint (Lyon 2), tandis que les deux autres sont passés par la procédure classique de recrutement (de Paris 13 à Paris 3, et d’Angers à Rennes 1).
Le cas de Paris 3, qui concerne une mutation d’une Université parisienne à une autre (de Paris 13 à Paris 3), est particulièrement problématique, a fortiori dans un contexte de pénurie de postes. Ajoutons sur ce cas l’absence d’enseignant-es-chercheur-ses en science politique parmi les membres internes du comité de sélection. L’ANCMSP a fait part auprès des membres du comité de sélection de son inquiétude quant à l’égalité de traitement entre les candidat-es sur ce concours, et rappelé sa position sur les procédures de mutation avant même la publication de la liste des candidat-es auditionné-es. Le classement des candidat-es aura finalement été sans surprise pour l’association.
Plus généralement, l’ANCMSP s’inquiète du défaut d’harmonisation de ces procédures de mutations. Plus précisément sur les mutations prioritaires, l’association souhaite attirer à nouveau l’attention sur le fait que si ce type de procédure constitue une avancée en ce qu’elle aligne les pratiques universitaires sur celles du reste de la fonction publique, les modalités de sa mise en œuvre sont problématiques. En effet, la procédure d’acceptation de la mutation (rapprochement de conjoint) succède à une première phase de candidature “normale”, impliquant pour les candidat-es issu-es de la procédure classique, outre des espoirs déçus, une perte inutile de temps à la préparation d’un CV destiné au comité de sélection. Aussi, nous réaffirmons notre position en faveur de l’ouverture d’une période de pré-positionnement des candidat-es à la mutation en amont de l’ouverture du poste. A moyen terme la phase de mutation devrait être dissociée de la phase de recrutement d’entrants dans le corps des MCF. Cela de manière à ce que les postes libérés par les candidat-es muté-es puissent être aussitôt remis au concours lors d’une seconde phase. Envisagées à l’échelle des dix dernières années, ces mutations entraînent une vacance pour un nouveau recrutement dans l’université d’origine, d’une durée allant d’un à six (!) ans.

Fléchage des postes

Quatre postes ont été ouverts en section 04 et simultanément dans une ou plusieurs autres sections CNU : 05e, 06e, 19e, 22e, 23e, 26e, 70e, 71e. Par ailleurs, si l’on cherche à dresser un tableau synthétique, 18 postes initialement mis au concours en section 04 ont été fléchés en : sociologie politique (six postes), politiques publiques (quatre postes), action publique (trois postes), méthodes quantitatives (un poste), théorie politique (un poste), médiations et analyse des données (un poste), l’Iran contemporain et son environnement arabe (sic) (un poste). Quatre avaient des profils mixtes (deux fléchés simultanément en relations internationales et sociologie politique ; deux autres en sociologie politique et action publique). Par-delà ces repères généraux, le degré de précision du fléchage est très variable d’un poste à l’autre. Dans certains cas, les hyper-fléchages traduisent implicitement la volonté des comités de limiter le nombre de candidatures voire instaurent un climat de suspicion quant à la pré-sélection implicite d’un ou d’un-e candidat-e (poste(s) dit(s) “à moustaches”). Deux cas nous sont apparus particulièrement problématiques cette année : le poste en section 19 de MCF mis au concours par l’IEP de Lille fléché “sociologie financière et fiscale” (1) ainsi que le poste de MCF mis au concours par l’ENS “l’Iran contemporain et son monde arabe”, mystérieusement passé de la session synchronisée au fil de l’eau. Dans les cas inverses d’absence de profil spécifique, il est possible de s’interroger sur les critères de recrutement choisis et de déplorer l’inégalité entre candidat-es que génère cette absence d’explicitation publique. .

Cette hétérogénéité des pratiques est problématique et complique considérablement les candidatures en requérant des adaptations à chaque profil. Elle renforce également les asymétries d’information et les inégalités entre des candidat-es pouvant obtenir des informations par la mobilisation de leurs réseaux et d’autres ne bénéficiant pas d’une telle aide. De ce point de vue, nous soumettons à nouveau notre proposition de constitution d’un collège « jeunes chercheur-ses » qui aurait accès au sein des établissements au conseil restreint où se définissent les postes et leurs profilages, afin de permettre d’améliorer cet aspect du recrutement (2).

Des chevauchements d’auditions en augmentation

Sur le plan des chevauchements d’auditions, les années se suivent et se ressemblent. Alors qu’elles étaient deux l’an passé, pas moins de quatre dates sont à signaler cette année (le 17 mai : Clermont Auvergne / Paris 3 ; le 18 Mai : Paris Dauphine / CNAM ; le 22 Mai : Nice / Mulhouse ; le 24 Mai Lille / Lille, le recrutement à Toulouse 2 (Figeac) ayant été reporté à une date ultérieure), ces chevauchements ayant affecté au moins un-e candidat-e. Ce sont donc plus d’un tiers des postes à pourvoir cette année qui se retrouvent dans une situation de chevauchement de dates d’audition, alors même que la session synchronisée de 2018, dans la lignée de celle de l’année dernière, est avec une vingtaine de poste à un niveau très bas. Devant cette situation préoccupante, l’association a systématiquement proposé aux comités de sélection concernés une modification des dates d’audition et, à défaut, une mutualisation de la session de recrutement dans un lieu tiers, géographiquement stratégique pour l’ensemble des membres. Nous tenons à souligner que cette solution alternative a reçu un accueil favorable auprès de certains comités, sans que toutefois un accord puisse être trouvé avec l’ensemble des parties prenantes. L’ANCMSP renouvelle ainsi sa proposition d’une session de recrutement centralisée, et invite les autres associations disciplinaires (l’AFSP et l’AECSP) à prendre position à ce propos et tout mettre en oeuvre pour ne plus que se reproduisent de pareilles situations.

Si nous comprenons que le calendrier national est assez limité, des alternatives sont possibles à cette recrudescence du nombre de chevauchements(mobilisation pour l’élargissement du calendrier et/ou mutualisation des auditions lorsque celles-ci ne peuvent pas être décalées) et indispensables pour assurer une stricte égalité de traitement entre candidat-es.

Enfin, nous réitérons également notre souhait de voir les candidat-es auditionné-es défrayé-es. Une partie non négligeable de candidat-es aux fonctions de MCF se trouve en effet dans une situation de grande précarité (subsistance au RSA, chômage, contrats courts…) qui implique qu’un aller-retour à l’autre bout du pays puisse être financièrement douloureux, a fortiori quand les résultats sont courus d’avance. Que la solution soit un remboursement émanant de l’Université auditionnant les candidat-es ou qu’elle passe par une caisse commune à laquelle contribuent les laboratoires au niveau national, il est impératif qu’elle soit discutée collectivement et mise en place dès la prochaine campagne de recrutement. .

(1) Communiqué commun AECSP-ANCMSP-ASES sur le recrutement au poste de MCF « sociologie financière et fiscale » de l’IEP de Lille.
(2) Recrutements MCF : la position de l’ANCMSP.