En marche vers la répression

Les interventions violentes de CRS autour et à l’intérieur des établissements universitaires se multiplient. Quelques exemples d’actualité : hier à Nanterre des CRS ont évacué une AG et ont procédé à 7 interpellations d’étudiants pour « rébellion », à Lille 2 des CRS armés étaient présents devant les amphi et ont fait usage de gaz lacrymogène pour « encadrer » la journée d’examen. Des groupuscules d’extrême-droite font le coup de force dans des universités, comme à Paris 1 vendredi, comme on l’a également vu à Strasbourg, Lille, Angers, Nantes et Montpellier, et au lycée autogéré de Paris (1)
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Le gouvernement justifiait hier ces actions en qualifiant les étudiant.e.s présent.e.s dans ces AG comme des « petits groupes radicaux, souvent violents », sans l’étayer par des preuves, et ne condamne aucunement les actions des CRS ni des groupes d’extrême-droite. La ministre n’offre jusqu’ici qu’un discours lénifiant et une série de mensonges éhontés (2).
Nous en sommes là. Qu’on le veuille ou non, nous sommes tou.te.s concerné.e.s, car il est question du droit de réunion et de débat dans nos lieux de travail et de la légitimité ou non de la répression policière vis-à-vis de la contestation sociale. Une telle violation de droits politiques fondamentaux, un tel mépris à l’égard des acteurs de l’université (étudiant.e.s et personnels administratifs et enseignants) de la part de nos tutelles ministérielle et universitaires nous interpelle, nous indignent et ne peuvent rester sans réponse. Quel sens cela aurait-il de faire comme si de rien n’était?

C’est pourquoi nous appelons tou.te.s les collègues, quelle que puisse être leur opinion sur la Loi ORE et Parcoursup, à marquer clairement leur opposition au recours à la force pour faire taire la mobilisation et à contribuer à ce que subsistent -au coeur des universités- des espaces de confrontation pacifiée des opinions. Dans ce contexte de tensions graves, nous rappelons que les plus vulnérables sont les étudiant.e.s et les personnels précaires – qui, dans le cas des enseignant.e.s vacataires, ne sont pas payé.e.s lors des journées de blocage (3). Si l’idée de communauté universitaire a encore un sens, nous appelons tout.e.s les collègues titulaires engagé.e.s à se mettre en première ligne pour protéger les plus fragilisé.e.s des mobilisé.e.s, de quelque manière que ce soit.

Le bureau de l’ANCMSP

(1) L’ensemble des faits de violence dans les universités est consigné sur le site de Sauvons l’Université http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8203

(2) Ce « milliard d’euros » revendiqué par la ministre ne fait malheureusement pas l’objet d’interrogations de la part des journalistes, mais si vous en voyez la trace n’hésitez pas à nous le signaler. Nous laissons le lecteur juger de la sincérité de notre ministre quand elle justifie sa dissolution des conseils centraux de Toulouse 2 et sa mise sous tutelle par son souci que « les vacataires n’étaient plus payé.e.s ».

(3) Cette précision ne signifie en aucun cas une opposition aux blocages, mais une opposition ferme au recrutement d’enseignant.e.s vacataires. Que celles et ceux qui, au nom du paiement des vacataires, oseraient justifier leur opposition aux étudiant.e.s et personnels mobilisé.e.s, se mobilisent au quotidien contre la précarité à l’Université, et pas seulement lorsqu’elle arrange leurs vues politiques.