Le bilan annuel de la campagne MCF 2020 par l’ANCMSP est arrivé ! Vous le trouverez en cliquant ici : ANCMSP_Bilan_MCF_2020 !
Cette année, les enjeux d’information et d’action politique de ce bilan sont exacerbés dans un contexte de transformation des règles de la carrière académique. Si l’on peut, comme les années précédentes, s’agacer de la répétition des constats de pénurie de postes, de l’allongement des périodes de précarité et de l’absence de concertation des jurys quant au calendrier des auditions, la remise en question de la qualification et la prochaine création de voies alternatives – et peu prometteuses – incitent cependant à formuler des conclusions encore plus alarmistes pour cette édition 2020. Comprendre les conditions actuelles de recrutement devient d’autant plus nécessaire qu’il nous faudra bientôt pouvoir mettre en évidence les effets de la LPR. L’exploitation des réponses apportées à un questionnaire en sortie de campagne montre donc ici toute son utilité.
En définitive, et alors qu’un nombre historiquement bas de postes (11) a été publié pour la campagne 2020-2021 à l’heure où nous écrivons ces lignes, la création de postes en science politique est plus urgente que jamais : dans la discipline, le nombre de professeur·e·s d’université (PU) stagne (129 postes en 2019, contre 123 en 2006), et le nombre de maître·sses de conférences (MCF) n’augmente que trop lentement (270 en 2019 contre 206 en 2006) au regard de la démographie étudiante (29 178 étudiant·e·s inscrits en 2018 dans un cursus de science politique contre 22 001 en 2006). Autrement dit, les effectifs d’enseignant·e·s-chercheur·e·s titulaires ont augmenté de 21% entre 2006 et 2019, alors que les effectifs étudiants ont augmenté de 33% entre 2006 et 2018 !
Ces données alarmantes doivent être appréciées au regard du nombre d’enseignant·e·s-chercheur·e·s non titulaires en science politique en France : ceux-ci et celles-ci étaient au total 398 en 2019. Ainsi, les enseignant·e·s chercheur·e·s non titulaires (398) sont aussi nombreux·ses que les titulaires en science politique (399) ! Et cela sans compter les enseignant·e·s vacataires, qui en 2019 étaient au moins 938 à enseigner la science politique, dont 88 plus de 96 HETD par an !
Cette situation où l’enseignement de la discipline repose sur une majorité de contractuel·les et de vacataires mal payé·e·s et sans débouchés professionnels stables à court ou moyen terme n’est plus tenable. Sans une création massive de postes d’enseignant·e·s-chercheur·e·s à la hauteur des besoins en science politique, la discipline ne peut structurellement maintenir son activité de recherche et d’enseignement qu’au moyen de l’exploitation des précaires, compte tenu de sa démographie et du rythme actuel de renouvellement du corps.
Nous sommes la majorité, faisons-le savoir, mobilisons-nous pour l’amélioration de nos conditions de travail et pour la création de postes !