Ce guide sera actualisé chaque année et diffusé dès le mois de janvier à partir de l’année prochaine. N’hésitez pas à faire des retours sur cette première édition, afin qu’il soit collectivement enrichi.
Rappel du statut
Les attaché·es temporaires d’enseignement et de recherche sont recruté·es en tant qu’agent·e contractuel·le de la fonction publique, et sont régi·es par le décret n° 88-654 du 7 mai 1988.
Iels assurent un service d’enseignement de 192h HETD (= heures équivalentes de travaux dirigés, en sachant que 1h de TD = 1,5h de CM) pour un temps plein, ou 96h HETD pour un temps partiel.
La personne recrutée en tant qu’ATER “participe aux diverses obligations qu’implique son activité d’enseignement : encadrement des étudiants, contrôle des connaissances et examens”.
Les conditions de recrutement
- soit être fonctionnaire titulaire ou stagiaire de catégorie A et inscrit·e en vue de la préparation du doctorat ou d’une habilitation à diriger des recherches, ou s’engageant à se présenter à un concours de recrutement de l’enseignement supérieur ;
- soit être inscrit·e en vue de la préparation d’un doctorat, le·la directeur·ice de thèse devant attester que la thèse peut être soutenue dans un délai d’un an → Important ! Dans les faits, la plupart des doctorant·es, notamment en sciences sociales, qui postulent à un poste d’ATER ne soutiennent pas dans l’année. Donc, ne vous empêchez pas de postuler si vous entrez en quatrième année et que vous n’êtes pas certain·es de soutenir avant votre cinquième année. Certaines universités ne demandent rien pour attester du respect de cette condition, d’autres demandent une attestation sur l’honneur du·de la candidat·e et/ou une attestation du·de la directeur·ice de thèse (cf. section sur les pièces demandées, plus bas). Dans les faits, avoir rempli ou fait remplir ces attestations ne vous oblige pas à soutenir dans un délai d’un an.
- soit être déjà titulaire d’un doctorat ou d’une habilitation à diriger des recherches et s’engager à se présenter à un concours de recrutement de l’enseignement supérieur
- soit être enseignant·e ou chercheur·euse de nationalité étrangère ayant exercé des fonctions d’enseignement ou de recherche pendant au moins 2 ans, titulaire d’un doctorat.
- soit être moniteur·ice recruté·e dans le cadre du monitorat d’initiation à l’enseignement supérieur, titulaire d’un doctorat et s’engageant à se présenter à un concours de recrutement de l’enseignement supérieur ;
- soit être allocataire d’enseignement et de recherche ayant cessé d’exercer ses fonctions depuis moins d’un an, titulaire d’un doctorat et s’engageant à se présenter à un concours de recrutement de l’enseignement supérieur.
Le salaire
Le salaire des ATER à temps complet correspond à l’indice brut 513 (INM 446), donc grosso modo à 1782 euros net/mois en 2024. Pour un demi-ATER, le salaire correspond à l’indice brut 327 (INM 315), soit environ 1230 euros nets/mois en 2024. Une prime est également prévue si le service est réalisé de manière complète. Elle est d’environ 1260 euros brut annuel pour le temps plein, et de moitié pour le temps partiel, versée en deux fois. Attention :la perte de la prime peut se jouer à la demi-heure près, assurez-vous d’avoir un service complet et rapprochez-vous des responsables de votre département/section si ce n’est pas le cas.
Pour les demi-ATER : le salaire peut être complété par la prime d’activité (à demander auprès de la CAF, avec un renouvellement de la demande tous les trois mois). La prime varie en fonction de vos revenus ; pour un demi ATER sans complément de revenus elle est d’environ 177€.
Le processus de recrutement
Toutes les annonces de postes sont publiées sur l’application Altaïr (dédiée aux recrutements ATER), disponible depuis le portail Galaxie (qui est un portail professionnel pour l’Enseignement supérieur, dans lequel on postule aussi pour les qualifications et les postes de titulaire, pensez bien à mémoriser vos codes d’accès, ils vous seront utiles pendant un certain nombre d’années !). Sur la page d’accueil, cliquez sur “Accès recrutement” dans l’encadré “Connexion au domaine applicatif de Galaxie” (en haut à droite). Vous devrez d’abord créer un compte. Surtout, ne perdez ni votre mot de passe, ni votre numéro candidat ! Leur récupération est digne des Hunger Games.
Une fois que votre compte sera créé, vous aurez accès aux différentes candidatures, par section et par secteur géographique.
Il n’y a pas de date unique pour l’ouverture des candidatures, ni pour le dépôt des dossiers, ni pour la publication des résultats. Chaque université a son propre calendrier. Si la période charnière se situe en février/mars, certaines universités, notamment en région parisienne, publient leurs offres dès la fin du mois de janvier, avec un délai souvent très court pour postuler. Il faut donc rester vigilant·e dès la rentrée de janvier. Ensuite, les offres arrivent au fil de l’eau tout au long des mois de février et mars, voire avril. Afin de ne pas en rater une, vous pouvez activer une alerte depuis votre profil GALAXIE qui vous partagera régulièrement les nouvelles offres mises en ligne correspondantes à vos critères de recherche. Un tableau récapitulatif des offres de postes est aussi tenu par GALAXIE et est téléchargeable ici.
Si toutes les offres doivent être présentes sur Galaxie, les universités demandent ensuite, bien souvent, de postuler sur leur propre plateforme (par exemple : EsupDemat pour l’Université de Lille, CAMPEC pour l’Université de Montpellier). Vous devez donc dans un premier temps postuler sur l’offre déposée sur Galaxie (ce qui génère une déclaration de candidature, qu’il faudra signer et ajouter aux pièces justificatives), puis déposer les pièces justificatives sur la plateforme propre à l’université. Les deux étapes sont importantes : si l’une d’elle n’est pas réalisée, votre candidature ne sera pas prise en compte.
Il est possible que certaines universités prévoient un oral dans leur processus de recrutement, dans ce cas, les comités de sélection reprennent souvent le modèle des auditions MCF. Il faut alors présenter autant votre expérience d’enseignements que vos recherches.
Il faut aussi noter que les universités ont un certain nombre de postes ouverts tous les ans au fil de l’eau (dans le cas de remplacement de service d’un·e maître·sse de conférence mis en disponibilité ou en césure par exemple). Il peut donc être utile de surveiller la plateforme régulièrement.
Bien que tous les postes doivent obligatoirement être publiés sur Galaxie, certaines pratiques officieuses subsistent dans les facs (attribution en priorité aux doctorant·es internes ou aux vacataires déjà “connu·es” de l’équipe pédagogique). Dans tous les cas, nous vous conseillons de postuler à tous les postes qui vous intéressent, il arrive régulièrement que des extérieurs soient rappelés lors d’un désistement.
Si vous postulez à plusieurs postes au sein d’un même établissement, mais que les postes correspondent à des sections CNU1 différentes et/ou ont des quotités différentes (temps plein/temps partiel), alors vous devez déposer un dossier par section/quotité.
Il est aussi important de noter que pour un renouvellement de contrat au sein du même établissement, vous devez postuler de nouveau sur la plateforme.
Pièces demandées (liste exacte variable selon les postes)
La liste des pièces demandées varie plus ou moins selon les postes : certaines pièces sont incontournables (identité, diplôme, CV), d’autres sont demandées de manière variable (projet de thèse, liste de publications à part du CV), d’autres encore sont sous un format propre pour chaque poste (l’attestation sur l’honneur de votre soutenance dans un délai d’un an). Il faut donc toujours regarder la liste des pièces demandées pour chaque poste, disponible soit sur Galaxie, soit sur le portail des établissements.
Pièces fréquemment demandées | Description |
Copie de la carte identité / Passeport et visa | Copie du titre |
Attestation sur l’honneur | Modèle téléchargeable sur la page de confirmation de dépôt de candidature sur ALTAIR |
Attestation du/de la directeur·rice de thèse | Modèle téléchargeable sur la page de confirmation de dépôt de candidature sur ALTAIR |
Lettre de motivation | Voir détail ci-dessous |
Déclaration de candidature | Téléchargeable sur son profil ALTAIR dès lors que la candidature a été déposée sur le portail |
Attestation d’inscription en doctorat | A obtenir auprès de votre établissement |
Copie du dernier diplôme | Si vous êtes en thèse, il s’agit généralement de votre diplôme de Master que vous pouvez obtenir auprès de votre ancien établissement |
CV | Pour plus d’informations, voir détails dans la partie ci-dessous. |
Liste de publications | Peut être soit intégrée au CV, soit demandée comme pièce distincte |
Projet de thèse | Résumé de la recherche |
Une demande de travail à mi-temps | pour les postes à temps partiel, souvent sur papier libre |
Une copie de tous les contrats d’ATER | Si vous avez déjà occupé un poste d’ATER |
Pièces supplémentaires fréquemment demandés aux candidat·e·s fonctionnaires de catégorie A | Description |
tout document justifiant de l’appartenance à un corps de catégorie A | A obtenir auprès de votre administration de rattachement |
tout document attestant l’inscription en vue de la préparation du doctorat | A obtenir auprès de votre établissement d’enseignement supérieur |
Pour les candidat·e·s déjà docteur·e·s, une déclaration sur l’honneur par laquelle iels s’engagent à se présenter à un concours de recrutement de l’enseignement supérieur | Téléchargeable sur ALTAÏR |
Tout document précisant la situation actuelle (arrêté de détachement, de mise en disponibilité, etc.) | A obtenir auprès de votre administration de rattachement |
La copie du courrier de demande de détachement par lequel l’intéressé·e informe de sa candidature aux fonctions d’ATER | Pour les enseignant·es du second degré, le courrier est à adresser au Recteur de l’académie de rattachement |
Pièces supplémentaires fréquemment demandées aux candidat·e·s enseignant·e·s ou chercheur·e·s de nationalité étrangère | Description |
Tout document officiel attestant que le·la candidat·e a exercé des fonctions d’enseignement ou de recherche dans un établissement étranger d’enseignement supérieur ou de recherche pendant au moins deux ans | Si le doctorat a été préparé à l’étranger |
Une copie du diplôme de doctorat ou diplôme étranger équivalent (avec une traduction française, généralement faite par le.a candidat.e avec déclaration de véracité et signature suffit) | Si le doctorat a été préparé à l’étranger |
Photocopie de la carte de séjour pour les candidat·es de nationalité étrangère |
A propos du CV
Le CV attendu est un CV dit “académique”, dont le format diffère d’un CV classique. Dans le cas des candidatures ATER, la longueur maximale du CV peut différer d’un établissement à l’autre. Vérifiez bien si une telle information est mentionnée dans la liste des pièces justificatives. Vous trouverez un modèle ici, mais si vous en avez la possibilité, n’hésitez pas à demander à des collègues un modèle de leur propre CV.
A propos de la lettre de motivation
Elle est à adresser au·à la président·e de l’établissement auprès de qui vous postulez. Dans la lettre, faites le lien entre vos expériences d’enseignement et les cours que vous êtes susceptible de dispenser dans le cadre du poste d’ATER. Il faut donc aller voir du côté des maquettes des licences (souvent disponibles sur le site Internet des établissements, dans les rubriques destinées aux futur·es étudiant·es), et être attentif·ve au profil souhaité dans les fiches de postes (exemple : un département qui aurait du mal à assurer tous ces TD d’introduction aux institutions européennes en interne aura tendance à privilégier les candidat·es susceptibles de dispenser ce cours). Si un poste vous intéresse, n’hésitez pas à écrire au contact indiqué sur la fiche de poste pour des renseignements supplémentaires.
Petite liste non exhaustive des red flags
Les ATER “temps plein” sur six mois et les contrats de 10 mois.
Certaines universités proposent des postes d’ATER à temps plein sur six mois. Ces contrats ne sont pas l’équivalent d’un demi-ATER !
Une personne recrutée sur un demi-ATER effectue un service de 96 HETD, soit sur les deux semestres, soit de manière “semestrialisée” (les 96h sont concentrées sur un semestre). Si la seconde option est retenue, le semestre durant lequel la personne recrutée n’enseigne pas est tout de même rémunéré, puisque le contrat dure 12 mois.
En revanche, dans le cas d’un ATER temps plein sur six mois, vous effectuez 96h ETD durant un semestre, mais vous n’êtes pas rémunéré·e les six autres mois de l’année… puisque vous n’êtes pas sous contrat !
Cela a deux conséquences importantes : un impact sur le calcul de votre indemnisation en cas de chômage postérieur et une moindre rémunération à l’année: Vous serez en effet payé·e au taux mensuel brut pour un temps plein sur 6 mois (2138,86€ x 6) contre 12 mois au salaire brut mensuel d’ATER mi-temps (1527,76€ x 12). Le manque à gagner est donc d’environ 6000€ bruts/an, sans compter l’absence de prime d’activité liée à la rémunération temps plein sur 6 mois.
L’ANCMSP a déjà pris position en 2021 concernant ces contrats. Nous invitons les candidat·es à nous faire remonter ces offres de postes.
Une variante existe : les contrats de 192h (temps plein) ou 96h (temps partiel) sur 10 ou 11 mois. Or, le décret est clair à ce sujet : les 192h ou 96h, selon le type de contrat, correspondent au temps de travail annuel. Un prorata doit donc être appliqué (exemple pour un temps plein : 160h pour un contrat de 10 mois, 176h pour un contrat de 11 mois). Certaines facs proposent de rémunérer les heures effectuées en plus comme des heures complémentaires, ce qui est en contradiction avec le cadre du statut (et donc illégal). Vous êtes donc tout à fait en droit de refuser ces heures si cela ne vous arrange pas. Voir, à ce sujet, l’article publié en 2015 sur Hypothèses.org : https://academia.hypotheses.org/1918.
A propos des obligations liées au service d’enseignement
Les obligations associées au statut (participation aux diverses obligations qu’implique son activité d’enseignement) sont assez floues, notamment à propos de la correction des copies. Nous rappelons donc que l’interprétation d’un flou dans la réglementation est toujours le résultat d’un choix politique, et que faire corriger les copies des examens terminaux aux chargé·es de TD est une prise de position de la part du département et/ou des chargé·es de CM. Dans les faits, ces activités annexes devraient être comptabilisées comme des heures complémentaires. Nous rappelons que certaines universités ont des cadres de référence d’équivalents heures TD pour les activités pédagogiques (encadrement de mémoire, tutorat, correction de copies, surveillance d’examens terminaux). Or, les ATER sont également concerné·e·s par ce cadre, et le cas échéant, ce travail doit être décompté du service.
Les documents de candidature sur l’avancement de la thèse
Certains établissements demandent un résumé de la thèse, voire un chapitre, une publication ou un plan de thèse. Bien que la demande de ces pièces soit légale, on peut s’interroger sur leur pertinence alors que les établissements recruteurs n’accompagneront en aucun cas le·la doctorant·e dans sa thèse. L’ANCMSP recommande d’être vigilant.e sur le contenu (surtout non publié) partagé dans ce cadre. Si vous soupçonnez un cas de plagiat suite à une candidature, nous vous invitons à contacter l’association.
L’audition, une étape de trop
Certains établissements organisent également une audition dans le cadre de leur campagne de recrutement. Ce processus alourdit encore une procédure déjà complexe et chronophage, surtout si l’on considère que le contrat ne dure qu’un an. De plus, cette pratique désavantage les candidat.e.s qui ne sont pas déjà sur place, et qui doivent organiser leur venue à l’audition sur leurs propres fonds, et ce alors que le statut attire généralement des candidats précaires. Cette discrimination de fait concerne particulièrement les établissement Parisiens, ce qui tends à renforcer la centralisation de la recherche.
- Le Conseil National des Universités est l’instance qui encadre en France la qualification et le suivi de carrière des professeur·es d’université et des maîtres·ses de conférence. Il est composé de sections disciplinaires (parfois pluri-disciplinaires) listées ici. Celles-ci ne recoupent pas exactement les disciplines académiques, il est donc fréquent qu’un·e candidat·e puisse postuler dans plusieurs sections. ↩︎